La France contribuera à un état-major non permament en cas de crise en Afrique du Nord

Au lendemain de la revendication par AQMI de l’enlèvement de 5 ressortissants européens (dont 2 français) au Mali et l’affirmation du groupe dissident Mouvement unité pour le Jihad en Afrique de l’Ouest selon laquelle il retient en otage 3 coopérants (2 italiens et une espagnole) kidnappés en octobre, les ministres de la Défense du groupe 5+5, qui réunit la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal et Malte pour l’Europe ainsi que l’Algérie, la Libye, la Tunisie, la Mauritanie et le Maroc pour l’Afrique du Nord, se sont réuni, le 10 décembre, à Nouakchott, pour la première fois depuis les révolutions dans le monde arabe afin d’évoquer la sécurité dans la région du Sahel.

Ainsi, selon le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, un accord a été trouvé pour mettre en place « un état-major non-permanent pour des interventions en cas de crise ». « Cette proposition de la France a été adoptée, elle nécessitera davantage d’études et d’évaluations » a-t-il ajouté.

« Dans ce cadre, les militaires des pays membres doivent se connaître, se comprendre et rester prêts à se mobiliser immédiatement » en cas de catastrophes ou de crises humanitaires, a expliqué Gérard Longuet.

Les défis sécuritaires ne manquent pas dans cette région. Outre la menace terroriste, cette dernière est aussi un point de passage de différents trafics. A cela s’ajoutent l’afflux d’armes venues de Libye et le retour de combattants, principalement touaregs, qui ont prêté main forte au régime du colonel Kadhafi.

Face à ces menaces, les ministres ont adopté un « plan d’actions » pour 2012, consistant à la planification « d’actions de formation, d’échangers, ainsi que des exercices et des entraînements en commun. »

Pour Gérard Longuet, la sécurité dans le Sahel est « l’affaire des Etats » de la région. « La France n’est pas acteur, elle n’a pas de responsabilité directe, elle souhaite que les pays concernés, riverains, s’engagent, et ne peut pas le faire en leur lieu et place » a-t-il déclaré.

Quant à la lutte contre les groupes terroristes, la Mauritanie a appelé les pays ayant des ressortissants détenus par AQMI de ne pas verser de compensations financières pour obtenir leur libération. « Je demande à tous de travailler pour le tarissement des sources du terrorisme et d’acculer les preneurs d’otages dans leur derniers retranchements en s’abstenant de pauer des rançons » a ainsi déclaré Ahmedou Ould Idey, le ministre mauritanien de la Défense.

Cela étant, la lutte contre les groupes terroristes qui sévissent au Sahel, et en particulier AQMI, ne se fait pas sans problèmes. Ainsi, le Mali fait figure de point faible, ses forces de sécurité n’ayant pas les moyens à contrôler l’étendue de leur territoire.

« A propos du Sahel, notre inquiétude est maximum » a déclaré, le 11 décembre, le ministre français des Affaires étrangères, à l’antenne de la chaîne de télévision TV5-Monde. « Tout notre travail (…) consiste à essayer de convaince les pays riverains de se coordonner dans leur action contre AQMI. La Mauritanie et le Niger sont fortement engagés. (…) L’Algérie s’engage, elle a réuni les pays de la région pour essayer de mieux les coodonner. Il faut convaincre le Mali de s’engager à fond » a-t-il expliqué.

Le fait est, quatre pays de la bande sahélo-saharienne (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) ont mis en place, en 2010, un Comité d’état-major opérationnel conjoint (CEMOC), basé à Tamanrasset, dans le sud algérien. Seulement, il n’a encore jamais planifié d’opérations militaires communes contre AQMI à ce jour.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]