Attentat contre les casques bleus français au Liban : Paris met en cause Damas

Qui a commandité l’attentat commis le 9 décembre dernier contre une patrouille de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) et au cours duquel 5 militaires français ont été blessés?

Ce n’était pas la première fois, cette année, que le contingent français de la FINUL était visé, une attaque similaire ayant eu lieu le 26 juillet dernier. Cela avait conduit le président Sarkozy à menacer de revoir la participation française à la mission de l’ONU, faute de mesures prises par son homologue libanais, Michel Sleiman.

Ce dernier s’est gardé de désigner des responsables pour ce qui concerne le dernier attentat commis contre les troupes françaises. Tout en promettant que tout serait fait pour arrêter les coupable et empêcher de nouveaux incidents de cette nature, il a estimé que cet acte visait à pousser la France à quitter le Liban pour « donner le champ libre à d’autres attaques terroristes ».

Dans un premier temps, à Paris, le ministère des Affaires étrangères, par la voix de son porte-parole, Bernard Valero, avait affirmé « ne pas faire de lien pour l’instant entre l’attentat contre les casques bleus français et la Syrie. » Mais le ton a changé, le 12 décembre.

En effet, le patron du Quai d’Orsay, Alain Juppé, a mis en cause la Syrie, lors d’une émission de la chaîne de télévision TV5. « Nous avons de fortes raisons de penser que cet attentat vient de là » a-t-il affirmé en réponse à une question évoquant un rôle éventuel du régime de Bachar el-Assad, lequel utilise, selon lui, le Hezbollah pour ce genre d’attaque.

« Je n’en ai pas la preuve » mais « c’est son bras armé, si je puis dire, et nous avons à nouveau appelé le gouvernement libanais à protéger la FINUL » a-t-il déclaré. Les prises de position françaises à l’égard du régime syrien pourrait en effet être un mobile suffisant pour que ce dernier s’en prenne aux casques bleus français déployés au pays du Cèdre. Et il est probable que le Hezbollah soit impliqué dans l’attentat. Mais une probabilité n’est pas une certidude.

L’on sait que le président syrien a la tentation de provoquer une escalade avec Israël, via le Hezbollah, pour détourner la communauté internationale de ce qu’il se passe dans son pays, où l’opposition est durement réprimée. « La Syrie est désormais le centre de la région. C’est la ligne jaune et si vous jouez avec, vous provoquerez un tremblement de terre : voulez-vous voir un nouvel Afghanistan, ou des dizaines d’Afghanistan? » a déclaré le Bachar el-Assad, lors d’un entretien accordé en novembre à un quotidien britannique.

Cela étant, il n’est pas certain que le Hezbollah soit le responsable de l’attentat contre les casques bleus français. D’autres organisations sont susceptibles d’être impliquées, comme le mouvement al-Saïka, un parti baasiste palestinien inféodé à Damas et qui vient de reprendre ses activités après une mise en sommeil de ces dernières depuis plusieurs années. Une action d’un groupe salafiste n’est pas exclue, des jihadistes ayant menacé par le passé de s’en prendre à la FINUL. Ainsi, en 2009, des attentats planifiés par le Fatah al-Islama avaient pu être déjoués à temps.

Quoi qu’il en soit, étant donné que l’attentat s’est produit dans un territoire qu’il contrôle, il est difficilement imaginable que le Hezbollah n’ait pas été au courant des préparatifs de l’attaque contre les casques bleus français. S’il n’est pas impliqué, il a au moins fermé les yeux.

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