L’Iran a diffusé des images du drone RQ-170 américain tombé sur son territoire

L’Iran a affirmé, le 4 décembre, avoir abattu un drone de reconnaissance américain de type RQ-170 Sentinel au-dessus de son territoire. Si l’ISAF a reconnu avoir perdu un appareil sans donner davantage de précisions, les Etats-Unis ont affirmé, officiellement, que l’engin en question s’est écrasé à cause d’un dysfonctionnement alors qu’il s’était égaré au cours d’une mission dans l’ouest de l’Afghanistan.

Seulement, étant donné que les insurgés afghans ne disposent pas de radars, l’emploi de ce drone furtif, dont l’existence a été reconnue par l’US Air Force en février 2010 après avoir été révélée par Aviation Week en quelques semaines plus tôt, vise surtout à mener des missions de reconnaissance en Iran, voire au Pakistan. D’ailleurs, l’un d’eux a été utilisé lors du raid des Navy Seal contre le complexe d’Oussama Ben Laden à Abbottabad, situé près d’Islamabad.

Quoi qu’il en soit, et selon Téhéran, le RQ-170 Sentinel récupéré serait dans un bon état. Et la télévision d’Etat iranienne en aurait donné la preuve en diffusant des images de l’appareil, lesquelles sont en cours d’analyse à Washington.

A partir de là, deux thèses peuvent être avancées pour expliquer la raison pour laquelle ce drone est tombé en bon état entre les mains iraniennes. La première suppose, en effet, un problème technique rencontré par l’appareil au cours de sa mission. La seconde impliquerait un piratage du système de contrôle du RQ-170 Sentinel. C’est celle que met en avant Téhéran.

Ainsi, un responsable des Gardiens de la Révolution, le brigadier général Amir-Ali Hajizadeh, a affirmé que le drone était « tombé dans le piège de l’unité de guerre électronique (des Pasdarans, ndlr) qui a ensuite réussi à le faire atterrir en l’abimant le moins possible ».

Seulement, cette version pose plusieurs questions : comment les Pasdarans ont-ils fait pour détecter un engin furtif, donc censé échapper à leurs radars? Et à supposer qu’ils aient pu le faire, comment ont-ils casser le système de communication cryptées, passant pour être très sophistiqué, de ce drone?

Cela étant, des officiels américains ont admis que cet engin opérait pour le compte de la CIA afin de surveiller le programme nucléaire iranien. Les missions de ce type se sont intensifiées, ces derniers temps, en raison, notamment, de la volonté affirmée d’Israël de lancer une opération militaire contre l’Iran.

Mais le plus gênant pour les Etats-Unis dans cette affaire n’est pas le fait que la CIA s’est faite « griller » avec la perte de RQ-170 – Téhéran sait déjà que ses installations sont sous étroite surveillance et a d’ailleurs déjà affirmé avoir abattu plusieur drones américains par le passé – mais que ce drone technologiquement avancé soit tombé entre les mains de leurs adversaires, d’autant plus qu’il ne dispose pas de système d’auto-déstruction.

D’après le Wall Street Journal, deux options ont été étudiées à Washington pour éviter que des renseignement précieux soient découverts par les Iraniens et leurs soutiens (en l’occurrence, la Russie et la Chine). Ainsi, il a été question d’envoyer un commando pour récupérer l’appareil ou le détruire, voire de le bombarder. Mais comme le RQ-170 Sentinel a été perdu dans une zone difficile d’accès, il a finalement été décidé de ne rien faire, d’autant plus que les opérations envisagées auraient pu être considérées comme un acte de guerre par Téhéran si jamais elles avaient été découvertes.

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