Il y a 70 ans, le bombardement de Pearl Harbor

Il a exactement 70 ans, le 7 décembre 1941, la Seconde Guerre Mondiale prenait un nouveau tournant avec l’attaque japonaise de la base navale américaine de Pearl Harbor. Cet acte était la suite d’une dégradation continue des relations entre Tokyo et Washington, les Etats-Unis voyant dans l’expansionnisme nippon en Asie orientale une menace pour leurs intérêts.

Quelques années plus tôt, le 12 décembre 1937, un incident aurait pu dégénérer en conflit ouvert entre les deux pays. En effet, ce jour-là, le service aérien de la marine impériale japonaise coula la canonnière américaine USS Panay, qui participait alors à l’évacuation de ressortissants étrangers de la ville chinoise de Nankin, alors cible d’une offensive nippone, laquelle donna lieu, par la suite, à des massacres de civils.

Etant donné que l’opinion publique américaine était alors profondément isolationniste et que Tokyo présenta ses excuses et offrit des réparations, l’affaire en resta là. Cependant, Washington ne se désintéressa pas pour autant de l’avancée japonaise en Chine puisqu’en 1940, l’idée de former l’escadrille des Tigres Volants, armée par des mercenaires, pour aider les autorités chinoises à résister face à l’armée japonaise, commença à prendre forme (*).

En 1941, Washington montra plus de fermeté à l’égard du Japon, en prenant ouvertement parti pour la Chine, en accordant à cette dernière un prêt-bail et en décrétant un embargo complet sur le pétrole et l’acier, ainsi que le gel des avoirs japonais sur le territoire américain. D’où la décision de l’empereur Hirohito de lancer une offensive contre les Etats-Unis et les possessions britanniques en Asie orientale.

Le plan de l’offensive sur la base de Pearl Harbour destiné à détruire la flotte américaine du Pacifique, fut approuvé quelques semaines avant le début des hostilités. Ils avaient été élaborés dès le début de 1941 par l’amiral Isoroku Yamamoto et le stratège Minoru Genda, en reprenant des éléments de la bataille navale menée par l’amiral japonais Heihachiro Togo contre la marine russe à Port-Arthur, en 1904 et de l’opération britannique lancée contre la flotte italienne à Tarente, en novembre 1940.

La vulnérabilité de Pearl Harbor avait été mise en évidence par l’amiral américain Harry Yarnell, lors d’un exercice militaire mené en 1932. Et cela influença très certainement l’état-major nippon pour porter son attaque sur ce point faible. Par ailleurs, Hawaï abritant une forte communauté japonaise, il ne fut pas compliqué de trouver des relais afin d’obtenir des renseignements concernant les installations militaires américaines pour préparer l’offensive.

Le 14 novembre 1941, une force navale japonaise, composée notamment de 6 porte-avions, 22 sous-marins dont 5 de poche, 9 destroyers, 2 cuirassé et 3 croiseurs légers, reçut l’ordre d’appareiller. Au total, plus de 400 avions, dont des chasseurs Mitsubishi A6M (Zero), des bombardiers-torpilleurs Nakajima B5N et des bombardiers Aichi D3A avaient été mobilisés pour l’occasion. Douze jours plus tard, cette flotte mit le cap vers Hawaï.

Ce n’est que le 1er décembre suivant que l’empereur Hiro Hito autorisa le bombardement de Pearl Harbor. L’ordre d’attaque fut donné le lendemain (« Grimpez sur le mont Niitaka »), alors que la force navale japonaise se trouvait à 370 km au nord de l’archipel hawaïen.

L’opération japonaise commença dans la nuit du 6 au 7 décembre, avec l’envoi, près de l’île d’Ohau, où est d’ailleurs toujours située la base de Pearl Harbor, des sous-marins à des fins de renseignement. Bien que l’un d’entre eux fut repéré par un navire américain, l’USS Condor, l’alerte ne fut pas donnée.

Pas plus qu’elle ne le fût quand un opérateur radar remarqua la présence d’une forte concentration d’avions en approche. Plusieurs versions furent donnée par la suite : l’une d’entre elles indique que l’officier de permanence ne jugea pas utile d’y donner suite, estimant qu’il s’agissait d’une erreur. Une autre affirme que les avions repérés avaient été pris pour les 6 B-17 attendus à Pearl Harbor et arrivant de Californie.

Quoi qu’il en soit, la première vague de 183 appareils japonais lança l’attaque à exactement 7h53, les avions torpilleurs évoluant à basse altitude, les bombardiers opérant à une altitude plus élevés, tous étant protégés par les chasseurs Zero. Dans le même temps, les sous-marins nippons envoyèrent leurs torpilles sur la flotte américaine du Pacifique. Le premier bâtiment de l’USS Navy à être touché fut probablement l’USS West Virginia.

Une seconde vague japonaise, forte de 167 avions, arriva sur zone à 8h30. Lors cette attaque, qui prit fin à 9h45, un sous-marin de poche fut coulé par l’USS Monaghan. Un autre l’avait été quelques heures plus tôt par l’USS Ward.

Pour les Etats-Unis, la bataille de Pearl Harbor est incontestablement une défaite. Ainsi, les pertes américaines s’élevèrent à 2.403 tués et 1.178 blessés. Plusieurs navires ont été gravement touchés, voire coulés, comme l’USS Arizona (1.102 tués), dont la coque sert actuellement de mémorial, l’USS Nevada, l’USS California ou encore l’USS West Virginia. Au total, au moins 10 bâtiments furent envoyés par le fond et de nombreux autres gravement endommagés. Par ailleurs, 188 avions furent détruits.

Les forces japonaises ont quant à elle perdu 64 hommes, 29 appareils et 4 sous-marins de poche, dont un fut capturé. Seulement, le bilan de leur attaque aurait pu être plus lourd. En effet, les porte-avions américains, qui étaient des cibles prioritaires, n’étaient pas à Pearl Harbor au moment de l’offensive.

Par la suite, une polémique sur le rôle du président Franklin Roosevelt éclaté. Certains prédendirent qu’il était au courant des préparatifs japonais contre Pearl Harbor et qu’il laissa faire pour convaincre l’opinion publique américaine de faire entrer les Etats-Unis en guerre.

Cela n’est d’ailleurs pas sans rappeler les soupçons portés contre l’administration américaine au moment des attentats du 11 septembre 2001… En fait, le bombardement de Pearl Harbor, qui est avant tout une défaite tactique, n’a été possible qu’à cause d’un enchaînement de dysfonctionnements et d’une certaine suffisance américaine face au Japon; étant donné que les stratèges du Pentagone ne pensaient pas la marine japonaise capable de mener une telle opération. Comme quoi, la sous-estimation de l’adversaire, le sentiment de supériorité et l’incompétence produisent toujours les mêmes effets.

(*) Cette escadrille reçoit, en 1941, le nom de 1st American Volunteer Group et les Tigres Volants livrent leur premier combat le 20 décembre 1941. Ce n’est qu’en 1942 que les pilotes commencent à être reversés dans l’armée américaine.

Pour aller plus loin :

Pearl Harbor, 7 décembre 1941 – Hélène Harter – Tallandier

Pearl Harbor, 7 décembre 1941 – Patrick Facon – Editeal

La trahison de Pearl Harbor – James Rusbridger – Pygmalion

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