Afghanistan : Un général britannique met en garde contre un retrait précipité des troupes de l’Otan

Le général James Bucknall, qui a passé 18 mois à la tête des troupes britanniques déployées en Afghanistan a jugé, le 4 décembre, dans les colonnes du quotidien The Guardian, qu’il était crucial que le retrait des forces de l’Otan se fasse en bon ordre pour que leur « investissement en sang réussisse à long terme ».

L’expression utilisée par cet officier britannique est pour le moins maladroite. Nul doute aurait-il été mieux inspiré de parler de sacrifices dont il est à craindre qu’ils soient vains si le mouvement taleb revient au pouvoir à Kaboul. Ce qui risque d’arriver après le départ des troupes de l’Otan, qui doit être effectif d’ici la fin de l’année 2014.

Quoi qu’il en soit, le général Bucknall a estimé peu probable que les insurgés puissent prendre le contrôle de l’Afghanistan en l’état actuel des choses. Selon lui, le fait qu’ils aient davantage recours à des attaques terroristes montre qu’ils ne sont pas renforcés militairement. « Cent quarante (Afghans) ont été assassinés cette année… Mais nous liquidons 130-140 chefs talibans de rang moyen chaque mois » a-t-il ainsi déclaré au quotidien britannique.

Par ailleurs, le général Bucknall a affirmé que le mouvement taleb est dans l’incapacité de renverser le régime en place à Kaboul. Pour cela, il faut « faire trois choses » a-t-il dit.

« Vous devez sécuriser vos bastions de Kandahar et du centre de la province de Helmand. L’ont-ils (les taliban) faits? Non, ils ont perdu leurs refuges autour de Kandahar en 2010 et ils n’ont pas pu les reprendre en 2011. Ils ne tiennent pas leurs bastions » a-t-il lancé. « Deuxièmement, vous devez étendre votre influence sur d’autres secteurs. Il n’y a absolument aucune preuve en Afghanistan qu’ils sont en train de le faire » a-t-il continué.

Enfin, « troisièmement, vous devez viser le siège du gouvernement. Il y a eu beaucoup de gros titres mais Kaboul, qui concentre 20% de la population, ne représente qu’1% de la violence totale dans le pays » a encore expliqué le général Bucknall. « Kaboul est une capitale florissante qui est beaucoup plus sûre que de Karachi » a-t-il estimé.

Aussi, pour que ces gains ne soient pas gâchés, l’officier a plaidé pour que les pays disposant de troupes déployées en Afghanistan travaillent ensemble pendant la phase de retrait. « Nous sommes venus ensemble, et nous partirons ensemble » a-t-il affirmé. Et de poursuivre : « Gérer une coalition en diminution est une tâche autrement plus ardue que gérer une coalition » dont les effectifs augmentent.

Avec 9.500 soldats, le contingent britannique est le plus important en terme d’effectifs derrière celui fourni par les Etats-Unis. En 10 ans de présence en Afghanistan, il a perdu 390 militaires, dont 345 en mission de combat. Il devrait commencer son retrait d’ici la fin de l’année prochaine, avec un premier départ de 500 hommes.

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