Des munitions immergées depuis la Seconde Guerre Mondiale restent encore dangereuses

Le 27 novembre, le chasseur de mines du type « tripartite » (CMT) Lyre, de la Marine nationale, a procédé à la destruction de deux torpilles britanniques de 450 kg et datant de la Seconde Guerre Mondiale, découvertes trois semaines plus tôt au large de Bastia par un club de plongée. Cette opération de « pétardage », inédite sur l’île de Beauté, d’après Corse Matin, a demandé l’évacuation des riverains pendant plusieurs heures, afin d’éviter tout risque.

Mais il n’est pas rare de trouver encore des munitions immergées, que ce soit dans le Pacifique – des opérations de recherches sont régulièrement menées, ce qui permet de découvrir, parfois, des épaves, comme la Royal Australian Navy l’a récemment fait avec les restes d’un sous-marin japonais au large de Rabaul – ou dans le nord de l’Europe.

Et cela n’est pas sans poser de problèmes. En 2005, trois marins pêcheurs néerlandais ont ainsi été victime de l’explosion d’une mine qu’ils avaient remontée dans leurs filets. D’où des opérations ponctuelles planifiées pour tenter de retrouver ces munitions encore dangereuses.

Au début de ce mois, quatre navires mis à la disposition de l’Otan ont participé à une mission de ce type pendant 8 jours effectifs, en baie de Somme. Quatre mines allemandes contenant chacune une tonne d’explosifs pu être ainsi neutralisées.

Pour cela, les démineurs diposent de sonars, qui leur permettent de repérer les engins. Ensuite, soit un robot sous-marin est envoyé pour les neutraliser, soit ce sont des plongeurs qui s’en chargent en y déposant des pains de plastique.

La zone la plus touchées par ce phénomène reste la mer Baltique, où, selon un document établi par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, il est estimé qu’entre 40.000 et 65.000 tonnes d’obus chimiques qui y sont encore immergées. Au total, au moins 300.000 tonnes de munitions y auraient été déversées.

Ces munitions viennent des arsenaux allemands, dont une partie a eté vidée dans la Baltique par les Alliés à la fin du second conflit mondial. A cela, il s’ajoute aussi les mines déposées par la marine soviétique au moment de la guerre froide.

Le danger des munitions chimiques allemandes immergées dans la Baltique est que, le temps et la corrosion aidant, elles risquent de relâcher des quantités importantes (environ 13.000 tonnes) d’ypérite (gaz moutarde), d’arsenic, de cloropicrine, de phosgène. Et il est donc hors de question de les faire exploser afin de les neutraliser.

Quoi qu’il en soit, il s’agit là d’un problème d’autant plus inquiétant que, depuis la Seconde Guerre Mondiale, des émanations d’ypérite ont provoqué près de 232 incidents et qu’il existe des projets de construction de parc d’éoliennes ou encore, plus récemment, d’un gazoduc.

Au sujet de ce dernier point, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe craignait, en avril 2008, que le tracé du gazoduc Nord Stream (reliant la Russie à l’Allemagne, inauguré le 8 novembre dernier) ait « inévitablement des incidences sur les dépôts connus d’armes chimiques en mer Baltique ».

La question de ces munitions chimiques est notamment suivie de près par le Chemical munitions search & assessment project (CHEMSEA), financé par des fonds européens.

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