Des sénateurs américains demandent à Twitter de fermer les comptes des taliban

La Force internationale d’assistance à la sécurité, commandée par l’Otan, et les insurgés afghans ne s’opposent pas seulement sur le terrain. En effet, dans un article intitulé « Twitter comme nouveau champ de bataille entre les taliban et la coalition », le blog Mars Attaque indiquait, en mai dernier, que le mouvement taleb avait ouvert des comptes, dont un en anglais, sur le site de micro-blogging à des fins de propagande.

Comme le souligne cet article, « depuis des années, les Taliban et la coalition internationale se livrent une intense bataille informationnelle au niveau des opinions locales et internationales. Le point de vue de l’un doit l’emporter sur le point de vue de l’autre, et pourvu qu’un plus grand nombre de récepteurs puisse avoir accès à la vision des uns ou des autres. Le succès de chacun en dépend en partie. »

Communiquer via Twitter et les réseaux sociaux permet au mouvement taleb, qui maîtrise depuis longtemps la communication sur Internet malgré sa phobie, dans les années 1990, à la technologie, d’accuser les forces de l’Otan d’avoir commis des exactions (et la moindre « bavure » est immédiatement exploitée) et de vanter ses actions en se donnant le beau rôle, notamment en gonflant systématiquement les pertes subies par leurs adversaires. Il s’agit ainsi de s’adresser à ceux qui le soutiennent – notamment financièrement – dans le monde arabe et de tenter d’influencer l’opinon publique occidentale.

Aussi, et selon le Los Angeles Times, des sénateurs d’outre-Atlantique ont estimé que la coupe était pleine et que Twitter devait fermer les comptes du mouvement taleb. L’on peut penser qu’il est en effet paradoxal que les taliban puissent disposer d’un canal de communication offert par une entreprise californienne, alors même qu’ils combattent les forces américaines. Reste à voir si le principe développé par Voltaire, « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire », s’applique dans ce cas précis.

Toujours est-il que Twitter a fait valoir qu’étant donné que les messages postés par les taliban ne violent pas la loi américaine et que leur mouvement n’est pas inscrit sur les listes des organisations terroristes du département d’Etat, il n’y a aucune raison de donner suite à la demande des parlementaires.

Cette question est notamment posée par Joe Lieberman, qui dirige le Comité sur la sécurité nationale du Sénat. D’ailleurs, Twitter n’est pas le seul site concerné puisqu’il s’agit également de convaincre Youtube et Google de faire le tri dans leurs contenus diffusés par des organisations jihadistes. Et l’on peut en effet toujours voir sur le site de partage de vidéos des images de soldats américains déployés en Irak tués par un « sniper » appelé Juba, dont on ne sait si c’est un terme générique ou pas.

Ce problème se pose également en France. Par exemple, et alors que près de 3.800 militaires français se battent en Afghanistan, l’on peut lire sur le site d’information participatif LePost.fr, lancé par le Monde Interactif en 2007, des articles postés par un certain « Leclerc », lesquels relaient la propagande des insurgés afghans.

Comme il se doit, ces « posts » ne sont « pas vérifiés par la rédaction ». Mais cette dernière met visiblement du temps à modérer les contributions des utilisateurs du site, d’autant plus que cela fait maintenant plusieurs mois que ce « Leclerc » publie de fausses informations.

A titre d’exemple, le 14 novembre dernier, il est fait mention d’une d’une « patrouille française » tombée dans une « embuscade » tendue par les « Moujahidines de l’Emirat islamique (ndlr, le mouvement taleb) » dans le secteur de Tagab. Et l’article d’indiquer que « trois soldats français ont été tués et deux autres ont été blessés ». Or, tout cela est bien évidemment faux, l’armée française ayant reconnu la perte d’un des siens ce jour-là. Et l’on pourrait aligner de nombreux autres exemples de cet acabit.

Pourtant, la charte du site indique qu’est procrite « l’utilisation du Post.fr à des fins de propagande, de prosélytisme, dans un but professionnel, commercial (prospection, racolage ou prostitution) politique, religieux ou sectaire ». Manifestement, ce n’est pas le cas.

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