Des militaires manifestent contre l’austérité

Troisième pays de la zone euro contraint à demander une aide exceptionnelle en raison du mauvais état de ses finances publiques, le Portugal s’est engagé à appliquer un vaste plan d’austérité pour de connaître un scénario à la grecque.

Ainsi, le gouvernement de centre-droit, formé au début de cette année à l’issue d’élection législatives anticipées, a soumis au Parlement portugais un projet de budget extrêmement rigoureux afin de faire passer le déficit budgétaire du paix de 5,9% à 4,5% du PIB en 2012. Et cela suppose de prendre des décisions impopulaires, comme par exemple la suppression des 13e et 14e mois pour les fonctionnaires et l’allongement d’une demi-heure du temps de travail pour le secteur privé.

Aussi, le 12 novembre, les agents de l’Etat ont manifesté à Lisbonne pour protester contre ces mesures. Mais ils n’ont pas les seuls à battre le pavé : des militaires en civil ont aussi défilé pour faire part de leur mécontentement, imitant en cela leurs homologues néerlandais, qui en avaient fait de même en mai dernier pour dénoncer les coupes drastiques décidées par leur gouvernement dans le budget de la Défense. A la différence près qu’ils avaient gardé leur uniforme.

Pour ces soldats portugais, il s’est agi de protester contre le gel des promotions et le blocage des plans de carrière. « L’application aveugle des mesures d’austérité porte préjudice à l’institution militaire. L’armée ne peut pas être traitée ainsi » a déclaré Antonio Lima Coelho, responsable de l’Association des officiers.

Dans un pays où des changements politiques majeurs ont été accomplis grâce à l’intervention des militaires, notamment lors de la Révolution des Oeillets, qui a mis fin, en avril 1974, à la dictature de Salazariste alors en place depuis 1933, les mouvements d’humeur de l’armée portugaise sont à prendre en considération.

Et cela d’autant plus qu’un ancien acteur du coup d’Etat de 1974, le capitaine Otelo Saraiva de Carvalho, a déclaré que « les militaires devraient faire une opération militaire et renverser le gouvernement si celui-ci dépassait les limites. » Et d’expliquer : « En faisant tomber la dictature, nous avons établi avec le peuple un engagement très fort, celui de créer les conditions pour un accès réel aux droits sociaux, économiques et culturels, niés pendant quarante-huit ans. Nous avons assumé cet engagement, mais nous nous en éloignons avec la classe politique actuelle. »

Cela étant, l’ex-capitaine « Otelo » est coutûmier des excès en tout genre. Arrêté en 1976 pour abus de pouvoir, il a de nouveau goûté à la prison dans les années 1980 pour son implication au sein du mouvement terroriste d’extrême-gauche « Forças Populares 25 de Abril » (FP-25).

Nettement plus mesuré, le lieutenant-colonel Vasco Lourenço, qui fut l’un des capitaines du coup d’Etat de 1974, s’est cependant démarqué des déclarations d’Otelo Saraiva de Carvalho tout en dénonçant « la dégradation sociale des militaires et le fait que le pouvoir tente de résoudre la crise à travers des mesures inacceptables qui dressent les Portugais les uns contre les autres. »

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