Un général américain relevé de ses fonctions en Afghanistan pour avoir critiqué Karzaï

Après le général Stanley McChrystal, alors commandant de la Force internationale d’assistance à la sécurité (COMISAF) avant d’être relevé de ses fonctions pour avoir émis des critiques à l’égard de l’administration Obama en juin 2010, c’est au tour du général américain Peter Fuller de faire son paquetage et de rentrer aux Etats-Unis après avoir tenu des propos corrosifs à l’endroit d’Hamid Karzaï, le président afghan.

La décision, annoncée par voie de communiqué, a été prise par l’actuel COMISAF, le général John Allen. Qu’a donc dit ce commandant adjoint de la mission de l’Otan en charge de la formation des forces de sécurité afghanes pour mériter cette sanction?

Le général Fuller a simplement dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, à savoir que le président Karzaï est « coupé de la réalité ». Mais, ce sont surtout les récentes déclarations de ce dernier qui ont fait réagir l’officier américain.

« Si le Pakistan est attaqué et si le peuple pakistanais a besoin de l’aide de l’Afghanistan, l’Afghanistan sera là avec vous » avait en effet déclaré le président Karzaï, le 22 octobre dernier.

« Autant m’enfoncer une aiguille dans l’oeil. Vous rigolez, on vient de vous donner 11,6 milliards de dollars et maintenant vous nous dites ‘Je n’en ai rien à faire' », a lancé le général Fuller, au cours d’un entretien au magazine Politico, au sujet des propos du président afghan.

Par ailleurs, ce qui dérange l’officer, c’est l’attitude des responsables afghans, qui en demandent toujours plus, voire même qui tordent le nez quand le matériel qui leur est offert ne leur convient pas. C’est ainsi qu’ils ont demandé, selon le général Fuller, des avions F-16 et des chars sans avoir le personnel qualifié pour les mettre en oeuvre et les moyens pour les entretenir. Ils se comportent comme si les resssources américaines étaient illimitées, alors que les Etats-Unis traversent une mauvaise passe économique.

Pour le général Allen, dont la décision de renvoyer le général Fuller est soutenue par le patron du Pentagone, Leon Panetta, « ces commentaires malheureux ne sont pas indicatifs de notre solide relation actuelle avec le gouvernement afghan, ses chefs ou de notre engagement commun pour l’emporter en Afghanistan ». C’est sûr, les propos d’Hamid Karzaï témoignent de la robustesse des rapports entre Kaboul et Washington…

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