Les Etats-Unis auront dépensé plus de 78 milliards de dollars pour le renseignement en 2011

Le directeur du renseignement national américain (DNI, Director of National Intelligence) a indiqué, le 28 octobre, que les Etats-Unis ont dépensé 54,6 milliards de dollars pour leurs programmes de renseignement au cours de l’année fiscale 2011, qui a pris fin le 30 septembre dernier.

De son côté, le Pentagone a fait savoir, le même jour, qu’il avait alloué 24 milliards de dollars pour le renseignement militaire au cours de la même période, sans donner plus de détail.

Au total, le budget dédié aux activités américaines dans le domaine du renseignement a donc atteint 78,6 milliards de dollars en 2011, une somme en retrait par rapport à 2010 (plus de 80 milliards), notamment en raison d’une baisse des crédits des agences de renseignements opérant sous l’autorité du Pentagone (-3 milliards). Depuis les attentats du 11 septembre 2001, ces ressources ont pratiquement doublé.

Si le renseignement américain a obtenu des succès remarquables au cours de cette année, avec notamment l’élimination d’Oussama Ben Laden, de l’imam Anwar al-Aulaqi et d’autres responsables d’al-Qaïda, il n’en reste pas moins que le niveau de ces dépenses a de quoi donner le tournis, d’autant plus qu’elles ne sont pas toujours le gage d’une réelle efficacité opérationnelle.

En premier lieu, ces sommes servent à faire vivre 1.271 agences gouvernementale et 1.931 sociétés privées exerçant des activités dans les secteurs du renseignement et du contre-terrorisme, ce qui représente 854.000 personnes ayant l’accréditation « sécurité » ou « top secret ». Rien qu’à Washington, l’on compte 33 bâtiments qui accueillent ces officines, soit l’équivalent de 3 Pentagones.

Et comme on peut se l’imaginer, cela n’est pas fait pour empêcher les redondances et l’installation d’une bureaucratie, vaste machine à produire des rapports (50.000 par an), dont la plupart ne sont jamais lus, selon un article du Washington Post publié en juillet 2010.

Une autre conséquence est la difficulté de hiérarchiser les informations à traiter, dont le volume est colossal. En matière de renseignement, ce n’est pas la quantité de données qui importe mais leur qualité. Et là, la donnée importante risque d’être comme une aiguille dans une botte de foin.

Ainsi, rien que pour les informations récoltées par les drones, il fallait par exemple 24 ans pour traiter tous les renseignements collectés en 2009 par les appareils américains déployés en Irak et en Afghanistan. Et avec l’apparition de nouvelles technologies (caméras multiples, système Gorgon Stare, etc…), nul doute que cette tendance s’est encore accentuée.

« Chaque jour, sur l’ensemble du réseau de surveillance mondial de l’US Air Force (situé à Langley, ndlr), d’une valeur de 5 milliards de dollars, des militaires passent en revue 1.000 heures de vidéo, 1.000 photos prises en haute altitude et des centaines d’heures de ‘captage de transmissions’, généralement des appels de téléphones mobiles », écrivait au début de cette année, le New York Times. Ce qui fait qu’un analyste passe 12 heures par jour à surveiller sur 10 écrans différents, des images en provance des théâtres d’opérations, tout en menant une trentaine de conversations simultanées via un logiciel de messagerie sécurisé.

Cela étant, la réduction des dépenses publiques américaines devraient avoir un impact sur la communauté du renseignement outre-Atlantique. L’actuel directeur de la CIA, le général Petraeus, a récemment estimé au cours d’un audition au Congrès, qu’il s’attendait à des coupes. « Nous avons eu 10 ans … d’une augmentation constante (…) Maintenant, nous allons avoir à nous serrer la ceinture », a-t-il déclaré.

Ce qui passera vraisemblablement par un budget amoindri pour les technologies de l’information, qui, d’après James Clapper, sont un gisement d’économies puisqu’il représente 20 à 25% des ressources des agences de renseignement, moins d’appels aux contractuels et la fermeture d’antennes à l’étranger.

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