Les ressources pour la préparation opérationnelle de l’armée de Terre ont atteint un « niveau plancher »

Le budget opérationnel de programme de l’armée de Terre (BOP Terre) devrait diminuer de 9% en 2012 par rapport à l’année précédente, ce qui représente 789 millions d’euros en moins, notamment en raison d’une réduction prévue de plus de 16.000 postes.

Mais pour le général Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), les moyens alloués aux forces terrestres ont atteint un minimum. « J’estime pourtant que les ressources strictement indispensables à la préparation des opérations et à la conduite de la réforme ont aujourd’hui atteint un niveau plancher qui peut menacer à court terme la préparation opérationnelle de nos forces » a-t-il affirmé devant les députés de la Commission de la Défense, le 19 octobre dernier.

Par ailleurs, le CEMAT se dit « préoccupé par les contraintes pesant sur le programme 146 portant sur l’équipement des forces et, comme les années précédentes, par les ressources attendues du programme 212 pour les infrastructures », malgré les « efforts notables de cette législature pour préserver les budgets de la défense ».

Normalement, et avec le début du retrait des forces françaises d’Afghanistan, il devrait y avoir moins de militaires engagés dans des opérations extérieures à partir de l’an prochain. Et pour le général Ract-Madoux, cela aura deux conséquences.

D’une part, selon lui, « l’allègement des opérations engendre mécaniquement une diminution du nombre de jours d’activité opérationnelle (JAO) sur les théâtres et une certaine perte de savoir-faire ». Il faudra donc augmenter les journées de préparation opérationnelles (JPO), autrement dit l’entraînement, pour compenser afin de maintenir les forces à niveau.

Or, le nombre de jours de préparation et d’activités opérationnelles sera en diminution en 2012, passant de 116 à 111, avec le risque qu’il atteigne 105 l’année suivante. D’après le CEMAT, l’on « s’éloigne ainsi de la cible des 120 JPAO qui est le niveau adéquat pour la préparation opérationnelle et qui faisait, jusqu’à présent, consensus ».

« Cette question de l’entraînement est pour moi un sujet particulièrement préoccupant car elle a un impact direct sur l’intérêt, l’attractivité même du métier et partant de là, sur la fidélisation » a souligné le général Ract-Madoux.

La seconde conséquence de la baisse des effectifs projetés en opération extérieure concerne la Politique d’emploi et de gestion des parcs (PEGP). D’après le CEMAT, « si nous procédons au rapatriement de matériel depuis les théâtres d’opération, ce matériel devra dans un premier temps être remis en état et ne sera donc pas instantanément disponible pour permettre l’instruction et l’entraînement de nos forces. »

Et la question des équipements est l’autre préoccupation du général Ract-Madoux. Si l’armée de Terre poursuit le renouvellement de ses matériels avec l’arrivée dans les unités des système FELIN, des VBCI (véhicule blindé de combat d’infanterie), des PVP (Petit Véhicule Protégé), des hélicoptères Tigre et NH-90 et des missiles Javelin, il n’en reste pas moins qu’il reste encore des efforts à accomplir pour que tous les régiments concernés soient dotés comme prévu.

A cela s’ajoute la nécessité de remplacer les Véhicules de l’avant-blindé (VAB) par le VBMR (Véhicule blindé multirôles), ainsi que les chars légers AMX-10 RC et les ERC-90 Sagaie par l’EBRC (engin blindé de reconnaissance et de combat), dans le cadre du programme Scorpion.

Aussi, tout en soulignant que le niveau des crédits alloués à l’armée de Terre pour l’acquisition d’équipements majeurs est « toujours resté en déçà de la barre des 20% » sur la période 2005-2012 et que l’effort recommandé par le Livre blanc sur la Défense et la sécurité nationale sa faveur a été « lissé » alors qu’elle représente 50% des effectifs des forces armées et 80% des personnels déployés en opération extérieure, le général Ract-Madoux a estimé que la « loi de programmation militaire en cours, censée porter l’effort pour les forces terrestres, n’aura finalement fait qu’initier la modernisation de l’outil de combat aéroterrestre ».

« Si cette tendance se confirme, cela pourrait signifier que la France renonce à une partie de son ambition pour l’armée de terre. Il faut donc que son budget conserve la place qui lui revient raisonnablement » a-t-il affirmé.

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