Le groupe allemand ThyssenKrupp cherche à torpiller la vente de frégates françaises à la Grèce

Aux prises avec d’énormes difficultés financières, la Grèce est régulièrement critiquée pour le niveau de ses dépenses militaires d’autant plus que les contribuables européens et le FMI sont sollicités pour lui venir en aide afin de lui éviter un éventuel défaut de paiement qui aurait des effets dévastateurs sur la zone euro.

Aussi, quand il est question pour Paris de vendre entre 2 et 4 frégates multimissions (FREMM) à Athènes à des conditions avantageuses, le groupe allemand ThyssenKrupp, qui lorgne également sur ce marché, agite le chiffon rouge.

Concrètement, la France proposerait les navires conçus par DCNS à un prix unitaire de 300 millions d’euros, sans rien payer pendant 5 ans, le tout avec une remise de 100 millions d’euros. A la fin de cette échéance, Athènes pourrait décider soit de les garder, soit de les rendre à la marine française.

C’est du moins ce qu’affirme l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. Etant donné qu’il est prévu de doter la Royale de 11 FREMM, la question qui se pose, si ce montage est vrai, est de savoir ce que l’on fera des navires grecs si Athènes décide de ne pas les garder.

Quoi qu’il en soit, ce projet ne plaît pas du tout à ThyssenKrupp, qui s’en est ouvert au gouvernement allemand en faisant valoir que si certaines créances grecques sont abandonnées ou que la situation de la Grèce s’améliore grâce au Fonds de secours européen, le contribuable allemand garantirait ainsi une partie de cet achat.

« Pendant que les chantiers navals allemands n’ont pas de commandes, DCNS et les chantiers grecs sont subventionnés et maintenus en vie, probablement avec de l’argent allemand », a ainsi fait valoir ThyssenKrupp.

Sauf que le contribuable allemand n’est pas le seul en Europe à aider la Grèce à faire face à ses difficultés. Et, curieusement, ThyssenKrupp s’est fait beaucoup plus discret quand il s’est agi de conclure avec Athènes un contrat portant sur la commande ferme de 4 sous-marins de type 214 de conception allemande.

Contrat assorti de pots-de-vins d’environ 140 millions de dollars, ce qui vaut à des responsables grecs, dont un ancien ministre de la Défense, d’être poursuivis pour corruption. Détail croustillant : la Turquie sera dotée des mêmes bâtiments à l’horizon 2015. C’est ce qui s’appelle jouer sur les deux tableaux.

Et, cerise sur le gâteau, le premier submersible livré a été dans un premier temps refusé par la marine grecque à cause de grosses malfaçons et les trois autres n’ont pas encore été livrés. Le coût de cette affaire pour Athènes : 3 milliards d’euros.

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