Le délégué général pour l’armement insiste sur l’importance de la recherche en matière de défense

Le délégué général pour l’armement (DGA), Laurent Collet-Billon, a livré quelques informations importantes au cours de son audition devant la Commission de la Défense et des forces armées de l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen de la Loi de Finances 2012.

Au sujet de l’A400M d’abord. Ainsi, DGA a indiqué que les essais du futur avion de transport tactique de l’armée de l’Air ont « de façon usuelle, fait apparaître des difficultés techniques dont le traitement est en cours. » Et selon lui, cela montre qu’ils sont « utiles et efficaces ». Cependant, c’est au niveau des discussions avec Airbus au sujet du soutien que ça coince. Ces dernières sont « plus que difficiles, aucune proposition n’étant à la hauteur de nos attentes » a déclaré M. Collet-Billon.

« Nous avions prévu de passer en commun avec les Britanniques un contrat de soutien pour les premiers appareils reçus. Mais les livraisons françaises intervenant plus tôt, il sera difficile d’aboutir à temps. Je n’hésiterai donc pas, s’il le faut, à passer des commandes strictement dédiées au soutien des tout premiers appareils français » a-t-il expliqué aux députés présents de la Commission. « Nous n’avons toujours pas de proposition satisfaisante de la part d’Airbus, notamment pour le moteur. J’ai fait savoir aux industriels que, sans contrat de soutien, je ne prendrai pas en compte les appareils et je ne les paierai pas » a-t-il averti.

Autre information importante, celle concernant les drones tactiques. Là, le DGA a livré une surprise avec l’annonce de la mise à l’étude de l’achat d’exemplaires du Watchkeeper, développé Thales UK avec l’israélien Elbit, sur la base de l’Hermes 450, pour les besoins de la British Army.

Cet appareil remplacerait ainsi les Sperwer de l’armée de Terre, conçus par Sagem DS, avec, comme l’a précisé M. Collet-Billon, la perspective d’une mise en commun et d’un soutien partagé avec les Britanniques ». Seulement, selon le projet de Loi de Finances 2012 pour la mission Défense, 8 nouveaux Sperwer devraient être commandés… Cela étant, les performances de ce dernier n’ont rien à voir avec celles du Watchkeeper, lequel peut rester en l’air pendant 20 heures, c’est à dire plus de trois fois plus longtemps que l’appareil de Sagem.

Enfin, Laurent Collet-Billon a insisté sur l’importance de l’innovation en matière de défense. Si la vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent, comme l’a écrit Albert Camus, alors il vaudrait mieux éviter d’être pingre et de sacrifier les ressources consacrées aux efforts de recheche et de développement. Et dans un contexte où l’exécution des budgets est tendue, cela pourrait être une tentation pour parer au plus pressé.

« Si nous sacrifions les études amont, nous risquons d’en subir les conséquences dans cinq ou dix ans en nous trouvant contraints d’acheter à l’étranger. De tels achats peuvent être utiles dans des situations d’urgence. Nous n’avons pas hésité, par exemple, à nous procurer des véhicules Buffalo pour les opérations d’Afghanistan. Cette pratique ne doit cependant pas devenir la règle, d’autant que ce choix a des implications fortes sur l’emploi » a fait valoir le DGA, qui s’inquiète par ailleurs des transferts de technologie, exigés par les clients à l’exportation, comme cela a été le cas avec la Russie et les BPC et comme le Brésil voudrait que cela le soit avec le Rafale.

« Cela signifie que nous créons nos propres concurrents à une échéance de dix, quinze ou vingt ans, avec des taux horaires en vigueur dans ces pays beaucoup moins élevés. Si nous voulons conserver des capacités commerciales à l’échelle mondiale, il est impératif de maintenir un différentiel technologique, donc d’investir dans les études amont. C’est la seule manière de créer des emplois dans l’industrie d’armement en France » a ainsi expliqué M. Collet-Billon.

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