Le Groupe Militaire de Haute Montagne signe un exploit historique

Jusqu’à présent, toutes les tentatives pour traverser la cordillère de Darwin, située à l’extrême sud du Chili, s’étaient soldées par des échecs. Ce royaume du dieu Mwono, c’est à dire l’esprit du bruit pour la tribu des indiens Alakalufs, aujourd’hui éteinte, n’avait donc jamais été exploré.

Et pour cause : l’endroit, découvert par le scientifique britannique Charles Darwin lors d’une expédition menée à bord du Beagle, en 1832, est particulièrement inhospitalier, avec des conditions météorologiques extrêmes, des vents pouvant aller jusqu’à 150 km/h. Et avec ça, il concentre tous les pièges de la montagne, avec des crevasses profondes dissimulées par un manteau neigeux, des chutes de glace (sérac), risques d’avalanches, etc…

Aussi, quand six membres du Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) ont décidé d’explorer la cordillère de Darwin, l’on pouvait penser que le pari était osé, voire même téméraire, d’autant plus qu’en cas de problème, il ne faut guère compter sur le secours du moindre hélicoptère.

Et pourtant, le 4 octobre à 17H00 (heure locale), et après un an de préparation, le capitaine Lionel Albrieux, le lieutenant Didier Jourdain, l’adjudant-chef Sébastien Bohin, le sergent-chef François Savary, le caporal Sébastien Ratel, et M. Dimitry Munoz, grimpeur civil du GMHM, ont accompli l’exploit de traverser ce territoire de bout en bout, ce qui représente 150 km, après un périple commencé le 6 septembre dernier.

« Nous sommes dans la plénitude de l’accomplissement. Nous sommes fiers pour la France et ses couleurs » a déclaré le capitaine Albrieux, le chef de cette expédition. « Nous sommes maintenant dans l’herbe, au bord d’une rivière. Nous écoutons le chant des oiseaux. Cela nous fait drôle après un mois dans cet enfer blanc truffé des pires pièges et obstacles de la montagne » a-t-il ajouté, selon l’AFP.

Et pourtant, il s’en est fallu de peu pour que cette aventure tourne court. « Le 3ème jour, devant une barrière quasi insurmontable, l’expé a failli s’arrêter. Mais on a trouvé au dernier moment une rampe de passage dissimulée dans le coton. C’est l’incertitude en permanence, la découverte pas à pas de l’inconnu. Ca sera ainsi jusqu’ai bout » confiait récemment le lieutenant Jourdain.

Si nous parvenons toujours à avancer, à déjouer les pièges, c’est grâce à l’intelligence collective, à notre manière d’appréhender et d’analyser en commun chaque situation et de prendre collectivement les décisions qui s’imposent », avait-il également expliqué, quelques jours après le début de cette expédition, appelée « Sur le fil de Darwin« .

Et pour corser le tout, ils ont été obligés d’ajouter une difficulté supplémentaire à leur parcours en gravissant le mont Darwin, lequel culmine à 2.488 mètres, bien qu’ils aient cherché à le contourner. Mais la chance aidant, une opportune amélioration des conditions météorologiques leur a permis de passer l’obstacle.

Organisme dépendant de l’armée de Terre, le GMHM, créé en 1976, a pour mission de promouvoir l’alpinisme de haut niveau au sein des armées. Il participe ainsi au « rayonnement de la France et de l’armée de Terre » grâce à ses expéditions (la dernière avant le « Sur le fil de Darwin » ayant été le challenge « 7 continents, 7 alpinismes »). En outre, il forme un vivier de spécialistes des conditions extrêmes, ce qui est appréciable quand il s’agit de mener des missions dans des milieux hostiles, comme sont amenées parfois à le faire les forces spéciales.

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