L’Eurofighter Typhoon, le F-35 Lightning II et le F-18 Super Hornet en lice au Japon

En décembre 2010, Tokyo a publié ses « Directives sur le programme de la défense nationale pour les dix prochaines années ». Ce document a préconisé de revoir l’organisation des forces d’auto-défense japonaise, jusque-là taillée pour répondre à une menace russe, pour prendre en compte l’évolution militaire chinoise, sur fond de litiges territoriaux avec Pékin, ainsi que l’attitude de la Corée du Nord, cette dernière étant qualifiée de « facteur pressant et grave d’instabilité » et « d’ennemi principal du Japon. »

Parmi les mesures recommandées afin de prendre en compte ce contexte géostratégique figure le remplacement des F-4 Phantom II de la force aérienne d’autodéfense japonaise. A noter que cette question avait déjà était soulevée par le passé, Tokyo ayant souhaité acquérir le F-22 Raptor de Lockheed-Martin, ce qui lui avait été refusé par Washington.

Ainsi, Tokyo a lancé un appel à candidatures ouverts aux principaux constructeurs. En avril de cette année, seulement trois se sont manifestés : le consortium Eurofighter, allié à l’industriel local Sumitomo, Lockheed-Martin, qui voit là une opportunité de placer son F-35 Lightning encore en cours de développement, et Boeing avec son F-18 Super Hornet. Curieusement, Dassault Aviation n’a pas souhaité soumettre le Rafale pour tenter de remporter ce marché évalué à 6 milliards de dollars pour une quarantaine d’appareils.

Les trois concurrents viennent de soumettre leur offre finale au ministère japonais de la Défense, le nom du futur avion devant équiper la force aérienne d’autodéfense devant être annoncé en décembre prochain.

Pour Eurofighter, il ne sera pas facile de s’imposer, le marché japonais de l’armement étant traditionnellement une chasse gardée américaine. Cela étant, Tokyo a fait savoir que son choix reposerait sur des critères techniques et non politiques.

La plus faible candidature semble être du F-35 Lightning II pour la simple et bonne raison que le premier appareil de la commande japonaise devra être livré avant 2017 et que Lockheed-Martin a pris du retard dans le développement de son avion. Par ailleurs, il n’est pas certain que le constructeur américain accepte des transferts de technologies pouvant bénéficier à l’industrie aéronautique nippone.

Or, et même si le projet d’avion furtif « Advanced Technology Demonstrator – X (ATD-X) est sur les rails, cette dernière risque de perdre des capacités qui lui seront difficiles à retrouver à l’avenir étant donné que le dernier F-2, en réalité un dérivé du F-16 Block 40 de Lockheed-Martin, sortira des lignes de production de Mitsubishi cette année. D’où l’importance des transferts de technoligies pouvant être obtenus dans le cadre de ce contrat.

Aussi, Boeing, qui fait valoir une offre moins coûteuse que celles de ses concurrents, a assuré que 75% des composants des F-18 Super Hornet proposés au Japon seront fabriqués sur l’archipel. Mais c’est surtout le consortium Eurofighter qui est allé encore plus loin dans ce domaine.

En effet, il a été promis que la construction, la maintenance et la mise à niveau des Typhoon seraient assurées par l’industrie japonaise. « Nous sommes également en mesure d’offir les codes sources des logiciels et d’autres données, ce qui permettra au Japon de pouvoir développer lui-même l’avion dont il a besoin maintenant et dans le futur » a indiqué Niger Whitehead, le directeur du programme Eurofighter chez BAE Systems.

Reste à voir si les considérations technologiques vont effectivement l’emporter sur l’aspect politique de ce contrat et surtout, si le Japon peut contrarier son allié américain en choisissant le Typhoon. Cela étant, le marché japonais n’est pas totalement hérmétique aux Européens : ainsi, par exemple, Eurocopter a réussi à y placer son hélicoptère EC-225, lequel a donné entière satisfaction lors de la catastrophe de Fukushima.

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