L’imam al-Aulaqi, important dirigeant d’al-Qaïda dans la péninsule arabique, a été tué lors d’un raid au Yémen

Après l’élimination de plusieurs responsables du noyau dur d’al-Qaïda, à commencer par le premier d’entre eux, Oussama ben Laden, un nouveau coup vient d’être porté contre la mouvance jihadiste.

En effet, le ministère yéménite de la Défense a annoncé, ce 30 septembre, la mort de l’imam al-Aulaqi, qui était alors l’une des principales figures d’al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA). Cette information a été confirmée par Washington.

Selon des sources tribales, il aurait été tué au cours d’un raid aérien alors qu’il circulait entre Maarib (est de Sanaa) et Jouf, une province désertique proche de l’Arabie Saoudite. Cette attaque aurait été menée par des appareils américains, qui survolaient le secteur depuis quelques jours.

Si les circonstances exactes de cette opération ne sont pas encore connues, l’hypothèse d’une intervention américaine est très probable, pour ne pas dire certaine. L’on sait que les Etats-Unis ont déployé des drones dans la région et que l’imam al-Aulaqui était l’un de leurs principaux objectifs. Au moins deux tentatives visant à l’éliminer ont d’ailleurs eu lieu au cours de ces cinq derniers mois, dont une quelques jours après le raid des forces spéciales américaines contre Oussama ben Laden à Abbottabad, au Pakistan.

Né de parents yéménites, il y a 40 ans, dans le Nouveau-Mexique (ce qui fait de lui un citoyen américain), Anouar al-Aulaqi, a notamment dirigé la prière dans une mosquée de la banlieue de Washington avant de quitter les Etats-Unis pour le Yémen, après un détour par Londres. Il a également été en relation avec le major Nidal Malik Hasan, l’auteur de la fusillade commise à la base militaire de Fort Hood, en novembre 2009, au cours de laquelle 13 personnes ont tuées et 42 autres blessées.

L’on retrouve sa trace dans l’affaire de la tentative d’attentat contre l’avion de la Northwest Airlines, qui assurait, le jour de Noël 2009, la liaison entre Amsterdam et Détroit. Le kamikaze qui était censé faire exploser en vol l’appareil, le nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, était l’un de ses disciples.

C’est après cet attentat manqué que les Etats-Unis ont décidé de neutraliser al-Aulaqi, par n’importe quel moyen, y compris par l’assassinat ciblé, ce qui, compte tenu de sa citoyenneté américaine, a valu au gouvernement une attaque en justice lancée par le père du dirigeant d’AQPA, Nasser al-Aulaqi, soutenu par l’Americain Civil Liberties Union et le Center for Constitutional Rights. L’affaire n’était pas allée bien loin, l’administration Obama ayant fait valoir le secret d’Etat pour éviter tout procès.

N’hésitant pas à recourir à Internet pour diffuser ses prêches (5.000 vidéos seraient en circulation, ce qui lui a valu d’être qualifié de « Ben Laden de l’Internet »), l’imam al-Aulaqi avait été déclaré « ennemi public numéro un de l’Occident » par le chef du MI-5, l’équivalent britannique de la DCRI française. Son aisance à parler anglais et sa compréhension de la culture américaine lui ont alors permis de recruter de nouveaux adeptes outre-Atlantique, comme cela a été sans doute le cas dans l’affaire de ce jeune soldat américain, qui, porté déserteur, était en train de préparer un attentat à Fort Hood, en juillet dernier, au moment de son arrestation.

Au début de cette année, la jutice yéménite l’avait condamné par contumace à 10 ans de prison pour « action dans le cadre d’un groupe terroriste » et « incitation à tuer des étrangers et des membres des service de sécurité ». Le tribunal spécialisé dans les affaires terroristes de Sanaa l’avait également mis en cause dans l’assassinat du français Jacques Spagnolo. Ce dernier, employé de la société Spie, alors en contrat avec la firme autrichienne OMV, fut abattu le 6 octobre 2010 à Sanaa par un homme ayant entretenu une correspondance avec l’imam Aulaqi.

Ses liens avec al-Qaïda sont anciens et remontent à l’époque où il résidait encore aux Etats-Unis. Ainsi, il aurait été en relation avec Nawaf Al-Hazmi, Khalid Almihdhar et Hani Hanjour, les trois pirates de l’air montés à bord du Boeing d’Americain Airlines qui s’écrasera, le 11 septembre 2001, sur le Pentagone. Son nom a également été retrouve dans les carnets de Ramzi Binlashih, un des trésoriers de l’organisation fondée par Ben Laden, arrêté en 2002 au Pakistan et mis depuis au secret à Guantanamo.

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