Quand une erreur de la justice flingue le travail des gendarmes…

Les erreurs judiciaires ne consistent pas toujours à condamner un innocent. Dans certains cas, elles peuvent aussi remettre en liberté des individus au casier judiciaire long comme le bras et, selon la formule consacrée, présumés coupables, avant même qu’ils aient eu à répondre des faits qui leur sont reprochés devant un tribunal. Et c’est ce qu’il vient de se passer récemment à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris…

Le 18 février 2010, la gendarmerie planifie une important opération pour mettre un terme aux activités d’un réseau de trafiquants de cannabis, implanté dans la région de Dreux. En près de trois ans, ce dernier aurait ainsi importer du Maroc la bagatelle de 50 tonnes de haschih, via des « go-fast », c’est à dire des voitures puissantes qui transportent la « marchandise » à grande vitesse. Le produit des ventes étaient ensuite « blanchi » par un intermédiaire à Paris.

Pour les besoins de l’opération appelée « Furax 28 », que l’on imagine avoir été minutieusement préparée après un important travail de renseignement, près de 100 gendarmes sont alors mobilisés, dont le GIGN, les gendarmes d’Eure-et-Loir et la section de recherches d’Orléans.

Et ses résultats sont à la hauteur des espérances des militaires : 3,2 tonnes de résine de cannabis sont saisis (un record), de même que 27 armes, dont des fusils d’assaut et un lance-roquettes, 5 puissants bolides et 320.000 euros en petites coupures. Le responsable du réseau, déjà condamné à 10 ans de prison pour trafic de stupéfiants, est arrêté, alors qu’il s’apprêtait à s’envoler pour la Thaïlande, de même que 7 de ses complices. Le ministre de l’Intérieur, qui était Brice Hortefeux à l’époque, viendra d’ailleurs prendra la pose pour les photographes devant les véhicules saisis.

L’affaire est ensuite confiée à la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris, créée en 2004 par le garde des sceaux du moment, à savoir Dominique Perben. L’objectif de cette nouvelle structure (8 au total fonctionnent en France) est de lutter plus efficacement contre la criminalité organisée et la délinquance financière.

Seulement voilà, l’efficacité n’a pas été au rendez-vous dans ce dossier. En effet, selon la loi, si au terme de 4 mois un détenu n’a pas été entendu, il peut demander une remise en liberté sous contrôle judiciaire. Et la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a manifestement oublié ce responsable du réseau de trafiquants démantelé par les gendarmes…

Résultat, son avocat a eu beau jeu de demander, en août dernier, sa remise en liberté, laquelle lui a été accordée en vertu de la loi. Et depuis, l’intéressé en a profité pour se faire la malle, étant donné qu’il n’a répondu à aucune convocation du juge d’instruction. Selon le quotidien France Soir, le parquet général de Paris admet « une erreur humaine liée au contexte de congès ». En tout état cause, cette explication paraît bien faible…

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