Les Etats-Unis installent des bases de drones pour viser les groupes terroristes au Yémen et en Somalie

Les responsables américains sont préoccupés, depuis maintenant plusieurs années, de l’émergence de mouvements jihadistes dans la Corne de l’Afrique et la péninsule arabique, plus précisément au Yémen.

En Somalie, terre d’élection des milices islamistes Shebab, qui ont fait allégeance à al-Qaïda, l’armée américaine a frappé à plusieurs reprises depuis 2007, parfois sans succès. Cependant, en mai 2008, ces opérations ont permis d’éliminer Aden Hashi Farah Ayro, un haut responsable des jihadistes somaliens, et un commando héliporté en a fait de même, un an plus tard, avec le kenyan Saleh Ali Saleh Nabhan, soupçonné d’être impliqué dans les attentats de Mombasa (15 morts en novembre 2002) et d’une attaque manquée contre un avion de ligne israélien.

Lors de son audition préalable devant le Sénat américain avant de prendre la direction du Pentagone, Leon Panetta a déclaré, en juin dernier, que « les chefs des shebab, affiliés à al-Qaïda depuis 2007, développent leurs liens avec al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) et manifestent l’envie croissante de commettre des attentats terroristes à l’échelle internationale », ce qu’ils ont d’ailleurs fait en juillet 2010 en frappant à Kampala, en Ouganda (79 tués).

Quant à al-Qaïda dans la péninsule arabique, le nouveau directeur de la CIA, le général David Petraeus, a récemment estimé qu’elle « est devenue l’une des entités régionales les plus dangereuses du jihad dans le monde ».

Cette organisation a établi ses quartiers au Yémen, en profitant du chaos sécuritaire qui règne dans le pays. Elle se distingue notamment par son inventivité dans ses modes opératoires, dont certains sont diffusés par Internet à l’intention de ses sympathisants via une revue en ligne appelée Inspire. Un exemple parmi d’autres : c’est elle qui a réalisé l’attentat manqué contre le prince saoudien Mohammed bin Nayef, responsable de la lutte antiterroriste, avec un Kamikaze ayant absorbé un suppositoire explosif actionné par un téléphone portable.

En outre, AQPA est à l’origine de l’attentat manqué contre le vol Amsterdam-Détroit le jour de Noël 2009, très probablement de la tuerie de Fort Hood, un mois plus tôt (13 tués) dont l’auteur, un psychiatre militaire, Nidal Hasan, était en relation avec Anouar al-Aulaqui, un de ses imams, et de l’affaire des colis piégés envoyés aux Etats-Unis en octobre de l’année dernière.

Aussi, les Etats-Unis mènent aussi des opérations clandestines au Yémen contre les dirigeants d’AQPA. Du moins, c’est ce qu’a affirmé la presse d’outre-Atlantique… Cela étant, il est certain que le Pentagone – ou la CIA – y a effectué plusieurs frappes ces derniers temps, lesquelles ont visé Abou Ali al-Hariti et l’imam al-Aulaqui, deux responsables en vue du réseau terroriste. Des drones Predator ont été déployés dans le pays dès novembre 2010. Officiellement, ces opérations sont menées par les forces aériennes yéménites… Mais encore faudrait-il qu’elles en aient les capacités, ce qui n’est pas le cas.

Par ailleurs, les Etats-Unis ont commencé à frapper des cadres d’al-Qaïda au Yémen dès novembre 2002, en éliminant Ali Qaed Sunian al-Harthi, l’un des organisateurs de l’attentat contre l’USS Cole, à Aden, deux ans plus tôt.

Quoi qu’il en soit, un nouveau raid a été mené, le 21 septembre, dans des conditions qui restent à éclaircir, tant les témoignages locaux manquent de précision. Ainsi, ce serait le numéro deux d’AQPA, Saïda al-Chehri, qui aurait été visé par cette opération, qui a eu lieu dans le sud du Yémen. Apparemment, le chef terroriste s’en serait sorti indemne, ce qui n’a pas été le cas pour ses quatre compagnons.

Et les frappes réalisées par les drones risquent de s’intensifier à l’avenir, aussi bien au Yémen qu’en Somalie. D’après le Washington Post, les Etats-Unis sont actuellement en train d’édifier un réseau de bases autour des régions concernées afin de pouvoir mettre en oeuvre leurs appareils au plus près.

Ainsi, l’une d’entre elles serait située à Djibouti, où l’armée américaine s’est implantée au Camp Lemonnier, après les attentats du 11 septembre 2001, afin de surveiller le détroit de Bab-el-Mandeb. Une autre a été installée aux Seychelles , où l’US Africom (le commandement militaire américain pour l’Afrique) y avait déjà déployé un ou deux drones MQ-9 Reaper pour surveiller les pirates somaliens (et donc maintenant, pour frapper les combattants Shebab).

Enfin, une troisième base est en cours de construction en Ethiopie, pays allié de Washington dans la lutte contre les miliciens Shebab. En effet, Addis-Abeba redoute qu’un gouvernement islamiste s’installe à Mogadiscio, ce qui pourrait avoir des conséquences sur sa sécurité.

« Cela traduit notre perception qu’il s’agit bien des deux points chauds aujourd’hui en plein développement », a déclaré un ancien haut responsable militaire américain, cité par le Washington Post, au sujet de la Somalie et du Yémen.

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