Le serment « d’allégeance aux armes » proposé par l’UMP fortement critiqué

Comme l’on pouvait s’y attendre, la proposition de l’UMP consistant à faire prêter un serment « d’allégeance aux armes de France » lors de la journée d’appel à la défense ou au moment d’acquérir la nationalité française a occulté toutes les autres, à commencer par celle demandant à ce que le budget de la Défense reste une priorité pour le prochain quinquennat.

Un serment est valable par la sincérité de celui qui le fait. Et il en va de même pour l’allégeance « aux armes de la France ». Par ailleurs, le fait d’être citoyen français donne des droits et des devoirs à l’égard de son pays, dont celui de le défendre le cas échéant. La suspension du service militaire l’a sans doute fait oublier…

Mais pour autant, un serment de cette nature est-il bien nécessaire? Empêchera-t-il les trahisons (la réponse est évidemment non)? Il en va des serments comme les promesses : ils n’engagent que ceux qui les reçoivent. Aussi, cette proposition donne dans le symbolique. Et rien d’autre.

Quoi qu’il en soit, le ministre de la Défense, Gérard Longuet, n’a pas rejetté la proposition de l’UMP sur le fond mais sur la forme. « Ce serment d’allégeance me gêne un petit peu, l’idée est bonne mais il faut travailler la sémantique » a-t-il déclaré. Son collègue à l’Education nationale, Luc Chatel, est quasiment sur la même ligne. La formule « n’est pas forcément la plus adaptée » a-t-il déclaré ce 21 septembre sur les ondes d’Europe1, tout en se disant favorable à une cérémonie qui « rappelle les valeurs de la République ».

Une position que n’est pas loin de partager François Hollande, candidat à la primaire du Parti socialiste en vue de 2012. « Ce qu’on doit demander aux jeunes Français, c’est sans doute un engagement civique de fidélité à des principes de solidarité et de justice » a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion politique à Montbéliard. « Ceci peut se manifester par de multiples moyens, mais je trouve que ce n’est pas la formule la plus heureuse qui a été choisie que de demander aux jeunes aujourd’hui de faire une allégeance aux armes » a-t-il ajouté, après avoir souligné que « ce sont ceux qui ont supprimé le service militaire qui font aujourd’hui cette proposition ».

Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale a quant à lui estimé que « l’UMP n’a décidément pas confiance dans les valeurs républicaines ». « Tous les droits et les devoirs sont déjà dans la déclaration. C’est un réflexe de peur que de vouloir toujours en rajouter » a-t-il poursuivi. Son collègue Bernard Cazeneuve a dénoncé une proposition « exclusivement électoraliste », « en forme de clin d’oeil au Front national », tout comme le NPA (parti anticapitaliste, extrême gauche) qui a évoqué une « gigantesque chasse à l’électeur FN », après avoir dénoncé un « embrigadement militaire » (qu’aurait-il dit alors, s’il avait été question de revenir au service militaire?).

Du côté du Front national, dont les électeurs seraient donc potentiellement séduits par la proposition de l’UMP, si l’on en croit quelques responsables à gauche de l’échiquer politique, on ironise. « Encore un serment! L’américanisation, qu’est-ce que l’on aime ça chez Sarkozy! Ils vont bientôt nous sortir la Bible pour que l’on fasse serment dessus » a ainsi déclaré sa présidente, Marine Le Pen. « L’UMP se berce d’illusions (…), ce qui est du papier reste du papier. S’il y a une réflexion à mener (…), c’est sur l’existence d’un service national (restreint de deux ou trois mois, ndlr) » a-t-elle ajouté.

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