Elections 2012 : L’UMP veut le « maintien de la défense comme priorité budgétaire »

Depuis 2007, la moyenne des crédits d’équipements alloués aux forces armées dépasse les 15 millards d’euros par an. Après le pic de 2009, avec 17,94 milliards, grâce au plan gouvernemental de relance de l’économie, leur montant est de 16 milliards pour 2011. Et, pour les deux prochaines années, il est prévu qu’ils augmentent encore, avec 16,8 milliards en 2012 et 17,4 milliards l’année suivante.

Pourtant, par rapport à la Loi de Programmation Militaire 2009-2014, les crédits du ministère de la Défense ont été réduits de 3,6 milliards d’euros sur trois ans. Cette somme est censée être compensée en partie par des recettes exceptionnelles à hauteur de 2,1 milliards. La perte de ressource nette sera donc de 1,3 milliard. Et il faudra ajouter à ce montant les 230 millions d’euros ponctionnés pour règler la moitié de l’amende liée à l’affaire des frégates de Taïwan.

Si l’équilibre reste délicat à maintenir – les recettes exceptionnelles pouvant ne pas être au rendez-vous – et qu’il aurait été possible de trouver d’autres ressources (lutte contre les fraudes, niches fiscales inefficaces, etc…), il n’empêche que le bugdet de la Défense a été relativement épargné, dans un contexte de crise économique et financière qui a fait que, presque, partout en Europe, les dépenses militaires ont été revues à la baisse, et parfois dans des proportions drastiques.

Cela étant, et afin de pouvoir financer les nouveaux équipements, les personnels en ont payé le prix, avec une réduction de 54.000 postes au titre de la Révision générale des politiques publiques, la fermeture de plusieurs dizaines d’emprises et le transfert d’unités, dont la logique peut parfois nous échapper…

Alors, on peut trouver que le format de l’armée de Terre a été trop réduit, regretter que la Marine n’ait, à terme, que 11 frégates multimissions (FREMM) au lieu des 17 prévues initalement et qu’elle attendra encore pendant longtemps son second porte-avions (qui pourrait être en fait le successeur du Charles de Gaulle) et que l’armée de l’Air n’ait pas encore ses nouveaux avions ravitailleurs ou qu’il ait fallu reporter la nécessaire modernisation des Mirage 2000D.

Voilà, en tout cas, le constat que l’on peut faire sur la situation budgétaire des forces amées françaises, à l’orée des prochaines échéances électorales de 2012, à l’issue desquelles de nouvelles orientations seront données – ou non – à la politique de défense, en fonction de l’équipe qui sortira des urnes.

Dans le cadre de son projet pour ces élections qui s’annoncent, l’UMP, qui tient sa convention sur la défense nationale ce 20 septembre, vient de faire part de ses engagements en la matière, dans une tribune publiée par Le Figaro et cosignée par son secrétaire général, Jean-François Copé, Hervé Mariton, conseiller politique du parti présidentiel en charge des ces questions, ainsi que par plusieurs parlementaires.

« L’UMP s’engage à soutenir avec force le maintien de la Défense comme priorité budgétaire » peut-on ainsi lire dans ce texte, lequel met en garde contre la menace que représenterait une alliance gouvernementale PS/Verts sur les dépenses militaires, parfois en grossissant le trait (les socialistes ne sont pas favorables à la suppression du défilé du 14 juillet, comme il y est écrit dans cette tribune…)

Le parti actuellement majoritaire propose trois axes « majeurs » en matière de politique de défense. En premier lieu, il « soutient la mise en place de coopérations européennes dynamiques et portées par des projets concrets pour faire avancer l’Europe de la défense avec nos partenaires capables de s’engager ». Il s’agit donc de faire avec d’autres ce qui a été accompli avec le Royaume-Uni en novembre dernier, avec les accords de Lancaster House. Reste à trouver ces « partenaires capables de s’engager » et qui partagent une vision commune avec Paris et Londres…

Le deuxième axe concerne le renforcement du lien entre l’armée et la nation. L’UMP propose une « plus grande reconnaissance de l’engagement » et faire ainsi du 11 novembre une « journée nationale de la mémoire et du souvenir pour tous les ‘morts pour la France’, sans exclusion des autres dates de commémoration », ainsi qu’une amélioration du soutien aux familles des militaires. A ce sujet, le gouvernement pourrait sans attendre davantage tenir la promesse qu’il a faite en février dernier et d’accorder le bénéfice de la campagne double à ceux ayant servi en Afghanistan. Pour l’instant, les modalités restent toujours à définir…

Enfin, le troixième axe d’action de l’UMP concerne la « stratégie industrielle pour les entreprises de souveraineté, au-delà du périmètre de la Défense ». Le parti majoritaire propose ainsi la « création d’un fonds d’investissement pour ces industries avec un soutien tout particulier aux PME et à la recherche.

Bref, trois « axes majeurs », c’est toujours mieux que rien… Toujours est-il qu’il aurait sans doute été souhaitable que l’UMP aborde aussi les déficits capacitaires des forces françaises, notamment en matière de drones armés, de guerre électronique ou encore d’hélicoptères lourds, tout en donnant les moyens d’y remédier. Sans oublier la nécessaire consolidation des industries de défense à l’échelle nationale, puis européenne. Peut-être que des réponses à ces questions viendront plus tard, voire à l’issue de sa convention sur la défense de ce jour…

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