Paris ne souhaite pas une baisse des dépenses militaires grecques

Parmi les mesures prises en 2010 pour réduire l’endettement de la France, il a été demandé au ministère de la Défense de réaliser 3,6 milliards d’euros d’économies, lesquelles doivent étre partiellement – et théoriquement – compensées par des recettes exceptionnelles et des gains de productivité.

« Les militaires sont en mesure de comprendre que la lutte contre les déficits est une priorité absolue pour le pays. Nous avons déjà fait un effort considérable. Je ne me vois pas demander que nos armées soient les seules à être exonérées d’un effort » avait alors justifié Hervé Morin, ministre de la Défense à l’époque, à l’antenne de BFM TV.

Au début de ce mois, le Premier ministre, François Fillon, a demandé un effort supplémentaire de 230 millions d’euros à l’Hotel de Brienne, que Gérard Longuet, l’actuel ministre, « cherche encore ». Il s’agit là de règler l’amende liée à l’affaire des frégates de Taïwan, laquelle remonte au second septennat de François Mitterrand.

Dans le même temps, la Grèce n’arrive toujours pas à joindre les deux bouts après la gestion pour le moins calamiteuse de ses finances publiques. Malgré un premier plan d’aide voté en 2010, et dans le cadre duquel Paris a déjà versé 8,9 milliards d’euros, Athènes n’est toujours en mesure de tenir ses engagements et à équilibrer ses comptes, à cause de la chute de ses rentrées fiscales, son échec à lutter contre la fraude fiscale (« sport national » en Grèce) et de l’aggravation de la récession dont elle est victime, due aux mesures d’austérité qu’elle a été contrainte de prendre.

Et comme le gouvernement grec doit trouver des financements ailleurs que sur les marchés, sous peine de se retrouver en défaut de paiement et de plomber ainsi la zone euro (voire de la faire éclater), un second plan d’aide a été établi en juillet dernier. Il est question, cette fois, d’un prêt de 160 milliards d’euros, dont 109 milliards doivent sortir des poches des pays européens et du Fonds monétaire international (FMI). D’ici 2014, il en coûtera 15 milliards d’euros à la France pour aider la Grèce…

Bien évidemment, et alors que la dette grecque devrait dépasser les 160% du PIB d’ici la fin de l’année (elle est même « hors de contrôle », selon le bureau du Budget de l’Etat grec) de nouvelles contreparties ont été exigées par Paris et Berlin. Et cela passe par de nouvelles mesures drastiques visant à diminuer le volume des dépenses publiques d’Athènes.

Mais « vérité en deçà de la mer Ionienne, erreur au-delà »… Car si pour lutter contre les déficits, en France, on demande, sans doute à juste titre, des efforts au ministère de la Défense, l’on trouve normal, à Paris, que la Grèce ne réduise pas ses dépenses militaires, qui restent encore parmi les plus élevées en Europe, rapportées au PIB, notamment à cause de l’opposition d’Athènes avec Ankara.

Pour le ministre français des Finances, François Baroin, invité de la radio France Infos, le 15 septembre, demander une réduction du budget militaire grec n’est « pas une priorité. » ‘C’est regarder la situation grecque par le petit bout de la lorgnette » a-t-il affirmé. « La Grèce sait ce qu’elle a à faire » a-t-il ajouté.

Et quant aux dépenses grecques en matière militaire qui profitent aux indsutriels de la défense, M. Baroin a estimé que « ça préserve des emplois ». En 2009, la Grèce avait prévu de commander des frégates multimissions (FREMM), ainsi que des hélicoptères EC-725 et de renouveller sa flotte d’avions de combat….

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