Le patron du Pentagone demande à nouveau au Pakistan de s’occuper des insurgés afghans réfugiés sur son territoire

L’insurrection afghane n’est pas le fait du seul mouvement taleb du mollah Omar. Parmi les rebelles, l’on trouve notamment les militants du réseau Haqqani, du nom d’un vétéran de la guerre contre les Soviétiques (d’où des liens gardés avec l’ISI, les services de renseignement pakistanais), et ceux du parti islamiste de Gubbuldin Hekmatyar, le Hezb-e-Islami.

Par conséquent, les attaques en Afghanistan ne sont pas toutes commises par les taliban, qui eux, jouent leur propre carte, comme d’ailleurs les autres mouvements insurgés.

D’ailleurs, et bien qu’ils partagent la même idélologie et les mêmes alliances avec al-Qaïda, il arrive même que ces derniers se battent entre eux, comme cela est arrivé en 2010 avec des militants du Hezb-e-Islami et des taliban, dans le nord de l’Afghanistan.

Cela étant dit, et comme il avait été déduit sur ce blog, ce ne serait pas les taliban qui ont mené une attaque en plein coeur de Kaboul, le 13 septembre (dont le bilan a été revu à la hausse, avec 27 tués) mais bel et bien les combattants du réseau Haqqani, qui disposent de bases arrières dans le Nord-Waziristan, au Pakistan. Selon un récent rapport de l’International Crisis Group, ce mouvement cherche même à s’implanter en Kapisa, la province où est déployée une partie de la brigade française La Fayette et qui verrouille l’accès à Kaboul.

En tout cas, les soupçons américains s’orientent vers le réseau Haqqani, lequel serait également responsable de l’attentat suicide perpétré le 10 septembre contre une base de l’Otan dans la province de Wardak (77 militaires américains blessés). Et le patron du Pentagone, Leon Panetta, a une nouvelle fois adressé une mise en garde au Pakistan.

« Nous demandons régulièrement aux Pakistanais d’user de leur influence pour éviter ce type d’attaques du réseau Haqqani, et nous avons fait très peu de progrès dans ce domaine » a-t-il déclaré lors d’un déplacement à San Francisco. « Je ne vais pas vous dire comment nous allons régler ce problème. Mais je vous dis simplement que nous n’allons pas laisser ce type d’attaques se reproduire », a-t-il poursuivi.

« Ces attaques du réseau Haqqani m’inquiètent beaucoup parce qu’elles tuent des gens, elles tuent nos soldats, et parce que leurs membres s’enfuient ensuite vers ce havre qu’est pour eux le Pakistan. Et ce n’est pas acceptable, nous allons faire tout ce que nous pouvons pour défendre nos forces », a encore ajouté Leon Panetta.

Cette nouvelle sortie du chef du Pentagone n’a été pas du goût d’Islamabad. Pour le ministère pakistanais des Affaires étrangères, ces déclarations « s’écartent du cadre de la coopération existant entre les deux pays en matière de lutte contre le terrorisme », et cela, quelques jours après l’arrestation par l’ISI de Younis al-Mauritani, un haut cadre d’al-Qaïda, à Quetta, et en collaboration avec les services américains.

« Nous employons toutes nos ressources à la lutte contre le terrorisme. Concernant ces questions de membres du réseau Haqqani lançant des attaques depuis le territoire pakistanais, une preuve a-t-elle été déjà donnée? », s’est interrogé un responsable militaire pakistanais.

Mais la déclaration la plus « éclairante » sur les rapports entretenus par certaines officines pakistanaises et les mouvements insurgés agfhans a été faite par Salim Saifullah, le président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères pakistanaise.

Selon lui, les Etats-Unis n’ont qu’une « relation temporaire » avec l’Afghanistan alors que le Pakistan a une « relation permanente », avec « une longue histoire partagée et une frontière commune ». « Le Pakistan ne soutient pas ces militants, mais il les suit avec soin en gardant à l’esprit la situation sur le terrain » a-t-il expliqué. Comme avec Ben Laden?

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