Libye : L’armée française a traité une quarantaine d’objectifs en une semaine

Avant de faire le bilan des opérations en Libye, mieux vaut attendre la fin des combats entre les rebelles du Conseil National de Transition (CNT) et les forces encore loyales au colonel Kadhafi. Ce dernier pourrait s’être réfugié non pas à Syrte, sa ville natale, mais à Ghouat, à 950 km au sud de Tripoli et à 300 km de la frontière avec le Niger. C’est du moins ce que croit savoir Hicham Bouhagiar, chargé de coordonner la traque de l’ancien homme fort libyen, qui, dans un récent message sonore, continue de défier ses adversaires et de prédire leur défaite ainsi que celle de l’Otan.

Cela étant, le colonel Kadhafi a pris le soin, avant la chute de Tripoli, de préparer sa fuite. Selon le gouverneur de la banque centrale libyenne, Qassem Azzoz, le « guide » aurait vendu 20% des réserves en or du pays, soit 29 tonnes. Avec la flambée de la valeur de ce métal précieux en raison des incertitudes qui planent sur les cours de Bourse, l’ancien homme fort de la Libye a fait une belle affaire… et trouvé les moyens pour durer encore et continuer le combat.

« L’Otan et nos partenaires poursuivront la mission tant que subsistera la menace, mais pas une minute de plus » a encore répété, le 8 septembre à Lisbonne, Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Alliance atlantique. Pour le numéro deux du CNT, Mahmoud Jibril, la prudence est de mise. « Dans le sud, certaines villes sont encore assiégées, le sort de Bani Walid et de Syrte n’a pas été réglé et en déput de cela certains pensent que bataille a été gagnée » a-t-il reconnu, en mettant aussi en garde ses compagnons de combat contre les luttes intestines qui commencent à poindre.

Ainsi, les rebelles du Djebel Nefousa et de Misrata, qui ont joué un rôle de premier plan dans la prise de Tripoli, s’estiment sous-représentés dans les instances du CNT, dont la plupart des dirigeants sont originaires de la Cyrénaïque, et plus particulièrement de Benghazi.

Par ailleurs, le gouverneur militaire de la capitale libyenne, Abdel Hakim Belhaj, au passé jihadiste reconnu, ne fait pas l’unanimité. »On ne l’a jamais vu combatte, et voilà qu’il se proclame commandant de Tripoli, et appelle les révolutionnaires à rendre leurs armes et à rentrer chez eux! Mais c’est nous les Misratais qui avons pris Tripoli » a dénoncé Ayman Madani un combattant rebelle dans les colonnes du Figaro.

Reste que, comme l’a rappelé Mahmoud Jibril, les combats continuent sur le terrain. Dans le secteur de Syrte, les rebelles n’en finissent pas de progresser. Le 8 septembre, ils ont annoncé avoir pris le contrôle de la Vallée rouge, à une soixantaine de kilomètres de la ville natale du colonel Kadhafi. Outre cette dernière, des poches de résistance subsistent à Bani Walid et à la grande oasis de Sheba, dans la bande d’Aouzou, près du Tchad.

D’ailleurs, les forces françaises, engagées au sein de la coalition emmenée par l’Otan dans le cadre de l’opération Harmattan, ont maintenu une importante activité en Libye du 1er au 8 septembre avec 96 missions d’attaques au sol assurées par les Rafale, Mirage 2000D/N et Mirage F1 de l’armée de l’Air, 35 de reconnaissance (Rafale, Atlantique 2, drone Harfang), 7 de contrôle aérien, et 9 de ravitaillement en vol. Le groupe aéromobile de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT), embarqué à bord du BPC Mistral, a accompli 17 sorties.

Si le nombre de sorties est identique, à peu de chose près, à celui avancé par l’Etat-major des armées la semaine précédente, celui des objectifs neutralisés a été divisé par plus de la moitié, ce qui peut paraître normal étant donné qu’il y a de moins en moins de cibles à frapper (ce qui pourra soulager les comptables de Bercy, puisqu’un gros tiers des surcoûts générés par cette opération concerne les munitions).

Ainsi, les forces françaises ont détruit une quarantaine d’objectifs, dont une vingtaine d’équipements militaires (véhicules légers, chars, lance-roquettes multiples, systèmes d’artillerie), ainsi qu’une quinzaine de dépôts de munitions. Ces frappes ont concerné la région de Syrte et de Shebba.

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