Selon le coordinateur de la lutte antiterroriste de l’UE, AQMI a renforcé son arsenal à la faveur de la crise libyenne

Les responsables de pays de la zone sahélienne l’avaient indiqué en mars dernier : al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a profité de la crise libyenne pour se procurer des armes.

Dans un entretien publié le 28 mars par Jeune Afrique, le président tchadien, Idriss Deby Itno, avaient expliqué que « les islamistes d’al-Qaïda avaient profité du pillage des arsenaux en zone rebelle pour s’approvisionner en armes, y compris en missiles sol-air, par la suite exfiltrés dans leurs sanctuaires du Ténéré ». Et de conclure : « AQMI est en passe de devenir une véritable armée, la mieux équipée de la région ».

Cette préoccupation est partagée par les Etats-Unis et l’Union européenne. Selon le coordinateur de la lutte antiterroriste de cette dernière, Gilles de Kerchove, AQMI, en profitant du conflit libyen, « a eu la possibilité d’avoir accès à des armes, soit des petites armes, soit des mitrailleuses, soit certains missiles sol-air qui sont très dangereux puisqu’ils rendent plus risqué le survol du territoire ».

Par ailleurs, Gilles de Kerchove a souligné qu’AQMI « cherche à étendre sa zone d’influence, dépassant le premier cercle du Sahel vers le Tchad, le nord du Nigeria et le Sénégal ». Et ce réseau terroriste serait d’autant plus dangereux qu’il tend à se subsistuer aux autorités locales auprès des populations, en leur rendant des services financés par l’argent des rançons et divers trafics.

Récemment, le général Carter Ham, de l’US Africom, le commandement américain pour l’Afrique, a d’ailleurs mis en garde contre une « alliance terroriste panafricaine ». Des signes de cette tendance sont apparus au Nigéria, où sévit la secte islamiste Boko Haram, impliqué dans l’attentat commis le mois dernier contre les Nations unies à Abuja, lequel a fait 23 tués.

Ce mouvement a changé de tactiques depuis quelques temps, en ayant recours à des modes opératoires plus élaborés, au point que certains experts y voient la marque d’une influence de la branche maghrébine du réseau fondé par Ben Laden. D’où le constat du général Ham : « Boko Haram coordonne de plus en plus d’activités avec AQMI, tout en maintenant un partenariat ‘souple’ avec les insurgés Shebab en Somalie ».

Quant au renforcement des capacités d’AQMI à la faveur de la crise libyenne, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, n’y croit pas. Dans un entretien accordé au quotidien Libération, le 5 septembre, il a indiqué que « la France, en liaison avec ses proches partenaires, est en train d’identifier les mesures propres à éviter la dissémination d’armement ». « Nous allons nous appuyer sur les pays de la région. Le Niger et la Mauritanie sont décidés à ne pas se laisser prendre en otages par les terroristes. Et le Mali évolue sur la même ligne » a-t-il précisé.

Reste que les conséquences de la crise libyenne inquiètent les pays du Sahel, le ministre algérien des Affaires maghrébines et africains, Abdelkader Messahel, ayant parlé d’une « nouvelle situation », notamment à cause de la circulation des armes et le « retour massif de personnes chez elles ». « Cela devient une source de préoccupation pour ces pays qui n’ont pas les moyens de faire face à cette situation » a-t-il déclaré.

D’où la tenue d’une conférence, les 6 et 7 septembre, en Algérie, pour évoquer ces problèmes avec les Etats concernés, des experts de l’UE et des Nations unies.

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