Libye : Les surcoûts liés à l’opération Harmattan estimés à 320 millions d’euros

Tant que le colonel Kadhafi ne sera pas neutralisé, les missions de l’Otan dans le ciel libyen se poursuivront. Et par conséquent, les moyens français engagés dans le cadre de l’opération Harmattan resteront mobilisés. « Il n’y a pas d’urgence » au désengagement militaire de la France tant que la situation « n’est pas réglée militairement » a ainsi déclaré Gérard Longuet, ce 6 septembre, à Rennes, à l’occasion de l’Université de la Défense.

Et ce d’autant plus que les rebelles, qui ont la fâcheuse habitude de faire des effets d’annonce souvent démentis par la suite, sont toujours en train de négocier la reddition de Bani Walid, l’un des bastions des forces loyalistes, et qu’ils n’ont pas encore pris Syrte. Leur progression vers cette dernière, qui est aussi la ville natale du colonel Kadhafi, est freinée par des duels d’artillerie. Et l’Otan y poursuit toujours ses frappes aériennes.

Quoi qu’il en soit, et en ces temps de débat parlementaire sur la rigueur budgétaire, les surcoûts liés à l’opération Harmattan sont estimés à 320 millions au 30 septembre. Cette évaluation a été donnée par le ministre de la Défense, qui a par ailleurs fait valoir que les dépenses quotidiennes dues à l’intevention en Libye devrait « baisser spectaculairement » compte tenu de l’évolution sur le terrain. « Des heures de vol, il y en a moins; des munitions, il y en a moins » et « de toute façon, les salaires (des militaires) sont payés et le matériel entretenu » a-t-il expliqué.

Reste à voir qui va maintenant payer la note. Avec les opérations en Côte d’Ivoire, qui sont donc venues s’ajouter à l’intervention en Libye et à la présence militaire française en Afghanistan, au Liban et au Kosovo, sans oublier les missions de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden, les surcoûts liés aux opérations extérieures (opex) pour cette année vont dépasser le milliard d’euros, alors que les prévisions du budget 2011 misaient sur environ 900 millions.

Pour le moment, cette somme est couverte à hauteur de 680 millions d’euros (dont 50 millions attendus des Nations unies). Il reste donc à trouver au moins 220 millions auxquels vont s’ajouter les 320 millions de surcoût de l’opération Harmattan.

Les prévisions des surcoûts liés aux opex sont systématiquement sous-évaluées chaque année. La différence est compensée par la « réserve de précaution interministérielle », et n’est plus, depuis 2007, ponctionnée sur les crédits d’équipements.

Est-ce que cette réserve de précaution interministérielle pourra prendre en charge les 320 millions de surcoûts de l’opération Harmattan? Selon Gérard Longuet, le Premier ministre, François Fillon, lui en a donné l’assurance. En revanche, elle ne servira pas à payer une partie de l’amende de 460 millions d’euros liée à l’affaire des frégates de Taïwan, dont l’origine remonte au temps de la présidence de François Mitterrand.

Pour le coup, l’Hôtel de Brienne a été mis à contribution, à hauteur de 230 millions d’euros, dans le cadre de la Loi de finance rectificative. Et ce sont 230 millions que le ministre de la Défense a dit « chercher encore ».

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