Le retrait de l’armée américaine d’Irak se fera comme prévu

Il y a de la friture sur la ligne entre Bagdad et Washington, au sujet du maintien ou non d’une présence militaire américaine en Irak après 2011. Le mois dernier, le patron du Pentagone, Leon Panetta, avait fait part aux journaux Military Times et Stars and Stripes de l’existence d’un accord avec les autorités irakiennes pour le maintien d’un contingent limité. Ses propos avaient alors été en partie démentis par un conseiller du Premier ministre irakien.

Conformément à l’accord conclu en 2008 par l’administration Bush et le gouvernement irakien, les troupes américaines doivent avoir quitté l’Irak avant la fin 2011.

En août 2010, la première phase de ce retrait avait été effectuée, avec la fin de la mission de combat de l’armée américaine, laquelle a cependant maintenu 47.000 hommes jusqu’en 2011 pour des tâches de soutien et de formation au profit des forces irakiennes.

Seulement, ces dernières ne sont pas encore prêtes pour assumer seules leurs responsabilités. Les attentats commis par des groupes djihadistes, proches d’al-Qaïda sont fréquents, voire même quasi-quotidiens, et certains d’entre eux sont particulièrement meurtriers, comme ceux perpétrés simultanément dans plusieurs villes du pays, le 15 août (66 tués) ou encore, plus récemment, contre la mosquée Oum al-Qoura, à l’ouest de Bagdad (28 tués, le 28 août).

A cela s’ajoutent les incursions des militaires turcs et iraniens dans le Kurdistan irakien, lesquels visent des rebelles kurdes qui s’y sont réfugiés. Les premiers bombardent les militants du PKK, tandis que les Gardiens de la Révolution islamique venus d’Iran s’en prennent au groupe PJAK (Parti pour une vie libre au Kurdistan).

Aussi, les forces irakiennes ont encore des lacunes qui attendent la livraison de matériels pour être comblées. C’est notamment le cas pour la surveillance aérienne et les frappes au sol. En juin dernier, des hélicoptères américains Apache ont d’ailleurs été amenés à intervenir « unilatéralement » contre des groupes radicaux chiites, qui menacent également la stabilité du pays.

Pour autant, il n’est pas question que des militaires américains restent en Irak après 2011. Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, l’a une répété la semaine passée. La question d’un éventuel maintien est épineuse sur le plan politique, étant donné que ce dernier n’est pas populaire au sein de la coalition au pouvoir à Bagdad, quand il ne suscite pas de la franche hostilité chez Moqtada Sadr, le leader chiite, lequel a menacé d’en appeler à la résistance militaire le cas échéant.

D’où la demande aux Etats-Unis faite par Nouri al-Maliki d’envoyer non pas des soldats mais des instruteurs ayant un passé militaire, capables de former les forces irakiennes à utiliser les équipements qui leur seront livrés (avions F-16 notamment, chars, etc…).

« Nous avons reçu et acheté des armes américaines, des chars, des avions (…) et nous avons des navires de guerre. Il est nécessaire que nous ayons des formateurs » a expliqué le Premier ministre irakien, qui a également en charge l’Intérieur et la Défense. « C’est pourquoi le Conseil de sécurité nationale a décidé que nous garderons un certain nombre de formateurs américains » a-t-il ajouté. Leur nombre serait entre 3.000 et 5.000.

Et donc, pour ménager les susceptibilités, il est question de faire appel à des sociétés militaires privées, ce qui ne manque pas d’ironie si l’on se rappelle que ces dernières avaient été dans le collimateur du même Nouri al-Maliki après la grave bavure commise par des employés de Blackwater, en septembre 2007, au cours de laquelle 17 civils irakiens avaient été tués à un carrefour de Bagdad. Et pour continuer de jouer sur les mots, il n’est plus question de « base américaine » mais de « centre de formation », qui seraient au nombre de 7.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]