Les soupçons de corruption concernant le contrat Eurofighter en Autriche se précisent

En septembre 2009, l’Autriche prenait livraison de son quinzième et dernier exemplaire de l’Eurofighter Typhoon, commandé en 2003 afin de remplacer ses Saab J-37 Draken, mis en service dans les années 1960.

Initialement, les forces aériennes autrichiennes auraient dû recevoir des F/A-18 Hornet, l’avion américain étant arrivé en tête à l’issue d’une première évaluation. Mais la commande n’a jamais été passée pour des raisons politiques et des problèmes de financement.

Un second choix s’est ensuite porté sur le JAS-39 Gripen, du suédois Saab. Mais c’est finalement l’Eurofighter Typhoon, du consortium du même nom, composé notamment par EADS, BAE Systems et Finmeccanica, qui a remporté la mise, avec un contrat portant sur la livraison de 18 appareils ainsi que la formation des personnels, le soutien logistique et les armes, le tout pour 1,95 milliard d’euros. La commande sera ultérieurement réduite de 3 avions pour économiser environ 400 millions d’euros.

Seulement, des soupçons de corruption ont entouré ce contrat. Ainsi, le général Erich Wolf, en charge du dossier, a été démis de ses fonctions car un membre de sa famille avait reçu de l’argent de la main d’un lobbyiste mandaté par le consortium Eurofighter. Le parquet de Vienne classera sans suite, en mars 2011, la plainte pour corruption visant l’officier.

L’affaire a connu un nouveau rebondissement en juin dernier, avec l’arrestation de Gianfranco Lande, un homme d’affaires italien. Ce dernier a alors affirmé à la justice qu’une société écran, Vector Aerospace, créée par EADS Allemagne, a versé 84,5 millions d’euros, entre 2004 et 2009 à l’entreprise Euro Business Developement, détenue par Alfred Plattner et Walter Schön, deux négociants d’armes autrichiens dont les domiciles respectifs ont fait l’objet de perquisitions par le Parquet de Vienne. Les deux hommes auraient ainsi pris en charge le système de rétro-commissions concernant le contrat Eurofighter.

A cela s’ajoute le nom de l’ancien ministre des Finances autrichien, Karl-Heinz Grasser Pourtant favorable à une solution passant par l’achat de F-16 américains, il a mis son poids dans la balance pour favoriser l’Eurofighter. D’où les soupçon à son égard, d’autant plus qu’il a entretenu des liens avec un ancien membre de sa formation politique (le FPÖ), qui aurait touché des pots-de-vins via son entreprise de publicité.

Le magazine autrichien Format, qui est revenu sur cette affaire, a cité un document de la justice selon lequel un procureur indique qu’une « organisation criminelle a été créée au sein du consortium EADS afin d’extraire des fonds (…) au moyen de faux contrats pour des opérations de corruption ».

La justice autrichienne, qui a mis sur écoute trois protagonistes de l’affaire entre juin et juillet, précise également que ce système était « destiné à corrompre les entreprises et les fonctionnaires ». Au total, ce sont 100 millions d’euros qui auraient ainsi servi pour graisser la patte à des intermédiaires afin de remporter le contrat.

Depuis le début de cette affaire, qui fait déjà l’objet d’une enquête parlementaire, le consortium Eurofighter s’est toujours défendu en affirmant ne pas avoir contrevenu à la législation…

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