Le président Sarkozy évoque l’option militaire contre le nucléaire iranien

Même si l’heure des bilans n’est pas encore venue pour 2011, il est d’ores et déjà acquis que cette année sera très riche en évènements, au vu de tout ce qu’il s’est passé au cours de ces derniers mois. De quoi donner de la matière au président Sarkozy à l’occasion de la conférence annuelle des ambassadeurs, qui s’est tenue à l’Elysée le 31 août.

Parmi les sujets abordés, le chef de l’Etat s’est félicité du retour de la France au sein du commandement militaire intégré de l’Otan, alors que cette décision avait donné lieu à bien des critiques, certains trouvant même des accents gaulliens que l’on ne leur soupçonnait pas pour dénoncer la perte de l’indépendance nationale et un alignement sur la politique étrangère américaine.

Pour le président Sarkozy, ces craintes n’ont pas resisté « à l’épreuve des faits ». Ainsi, l’Organisation atlantique « s’est révélée un outil indispensable au service de nos opérations militaires » en Libye, a-t-il affirmé. « Pour la première fois depuis 1949, l’Otan s’est mise au service d’une coalition emmenée par deux pays européens déterminés, la France et le Royaume-Uni » a-t-il poursuivi. « C’est parce que nous avions repris toute notre place dans le commandement intégré que cela a été possible » a-t-il estimé, établissant un parallèle avec les guerres de Bosnie et du Kosovo, dans les années 1990, où là, « ce sont les Américains qui ont fait le travail à la place des Européens ».

Par la suite, et alors que le budget français de la Défense va être diminué de 230 millions d’euros, le chef de l’Etat a fait par de sa crainte de voir l’Europe menacée de « rétrécissement stratégique », à cause de la baisse de l’effort militaire chez la plupart des pays européens, lesquels « se prépareront à des réveils difficiles », avec la nouvelle approche américaine en matière d’intervention militaire et dont l’opération en Libye est un exemple.

Le président Sarkozy a dénoncé l’Europe « influence » (soft power) qui, selon lui, n’est qu’un « paravent au renoncement » et à « l’aveuglement face aux menaces ». L’hôte de l’Elysée reprend là un thème qui a été développé en mai, par son ancien chef d’état-major particulier, à savoir l’amiral Guillaud, aujourd’hui chef d’état-major des armées (CEMA), devant les auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN). Ce dernier y avait opposé l’Europe Puissance, symbolisé par les accords franco-britanniques de Lancaster House, à l’Europe influence, « incapable de se concevoir en puissance globale sur la scène internationale ».

Enfin, le président Sarkozy, après avoir évoqué la situation en Syrie et au Proche-Orient, en est venu à l’Iran. A propos de ce pays, il a déclaré que « ses ambitions militaires, nucléaires et balistiques constituent une menace croissante qui pourrait conduire à une attaque préventive contre » ses sites, ce qui « provoquerait une crise majeure dont la France ne veut à aucun prix ».

Le chef des armées n’a pas précisé quel(s) pays pourrait envisager une telle action. Mais l’on sait que c’est une option envisagée par l’appareil sécuritaire israélien, qui est cependant divisé sur cette question, les uns y étant favorables, les autres se prononçant pour des opérations spéciales susceptibles de retarder le programme iranien, comme par exemple l’élimination de scientifiques ou encore le lancement d’attaques informatiques à l’image du virus Stuxnet.

Pour autant, et avant d’en arriver à cette extrémité, le président Sarkozy a plaidé pour qu’une « réponse crédible » aux « provocations » iraniennes soit apportée par la communauté internationale, ce qui passe, si « elle fait preuve d’unité », par des « sanctions plus dures encore » et dont « nous aurions tort de sous-estimer les effets ».

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