L’Escadron 3/4 Limousin s’efface au profit du 2/4 La Fayette à Istres

Au cours de ces derniers mois, quelques unités de l’armée de l’Air ont joué aux chaises musicales alors qu’elles étaient dans le même temps engagées dans les opérations en Libye.

Ainsi, l’Escadron de Transport Ventoux a quitté Mont-de-Marsan avec ses Casa 235 pour la base de Creil, pour être remplacé dans le ciel landais par le 2/33 Savoie, venu de la base de Reims, désormais dissoute, avec ses Mirage F1 CR.

Il y a également eu du mouvement sur la base de Dijon, avec le départ pour Luxeuil des Mirage 2000 du prestigieux 1/2 Cigognes et l’arrivée, aux côté des Alphajet du 2/2 Côte d’Or, d’un escadron mixte de transport, lequel sera suivi par l’état-major de la Force aérienne de combat ainsi que par d’autres unités de l’armée de l’Air, encore stationné à Metz-Frecaty, où la venue du 3e Hussards va compenser partiellement ces départs.

Afin de maintenir l’activité de la base de Luxeuil (et on dira après que l’armée n’a pas vocation à faire de l’aménagement du territoire…) l’Escadron de chasse 1/2 Cigognes va donc occuper la place laissée vide par le 1/4 Dauphiné, disparu en 2010, et le 2/4 La Fayette, qui doit faire mouvement, à partir du 1er septembre, vers Istres.

Cela étant, la réduction du format de l’armée de l’Air impose de faire parfois des choix parmi les unités souvent prestigieuses appelées à disparaître, avant, peut-être, de renaître au gré de l’arrivée des Rafale, comme cela a été le cas pour le 1/91 Gascogne. Ainsi, le transfert du 2/4 La Fayette à Istres est synonyme de dissolution pour le 3/4 Limousin, lequel n’a pas une histoire aussi riche que l’escadron qui doit le remplacer, étant donné qu’il est le gardien de l’escadrille du même nom formée par des volontaires américains au cours de la Première Guerre Mondiale.

Les origines de cet escadron remontent à 1939, année de sa création à Oran sous le nom de groupe de chasse 1/9, qui est alors doté de Morane-Saulnier MS-406. Son histoire, mouvementée, reflète d’ailleurs assez bien les différentes réformes qu’a eu à accomplir l’armée de l’Air. Ainsi, après la campagne de France, il est dissous une première fois le 22 août 1940, pour renaître avec l’appellation « Limousin » plus de 4 ans plus tard, à Meknès (Maroc), avec des P-39 Airacobra, puis des P-63 Kingcobra après son transfert à Reghaïa, en Algérie.

Deux ans après sa renaissance, le GC 1/9 Limousin est une nouvelle fois dissous, à Oran. Mais c’est pour être reconstitué en 1950, sur la même base, afin d’être ensuite envoyé en Indochine, où il va particulièrement s’illustrer, en effectuant 1.600 sorties de guerre et en obtenant deux citations à l’ordre de l’armée aérienne, avec ses F-6 F Hellcat, puis des F-8F Bearcat. Deux ans plus tard, il connaît sa troisième dissolution.

En 1954, il est recréé à nouveau sur la base de Lahr, en Allemagne, avec des F-84 Thunderjet. Il n’y reste pas longtemps puisqu’il est transféré, en 1956, à Metz-Frecaty. Et le 30 juin 1965, il compte sa quatrième dissolution en l’espace de 25 ans.

Il est reconstitué le 1er avril 1980 sous le nom d’escadron de chasse 4/7 Limousin à Saint-Dizier, avant de faire mouvement vers Istres, l’été suivant. Equipé de Jaguar, sa mission est la frappe nucléaire pré-stratégique. Avec l’arrivée des Mirage 2000N, il change une nouvelle fois de nom et devient l’EC 3/4 Limousin.

Depuis, l’escadron est passé, en 1994, sous le commandement des Forces aériennes stratégiques (FAS), sa mission principale étant, comme les 1/4 Dauphiné et 2/4 La Fayette, la frappe nucléaire stratégique, la secondaire étant l’assaut conventionnel tout temps, au titre de laquelle il a été engagé en Bosnie, au cours des années 1990, puis, plus récemment, en Libye. En 2009, l’escadron a été la premier à être déclaré opérationnel avec le missile ASMP-A (Air-Sol Moyenne Portée – Amélioré).

L’annonce par le président Sarkozy, à Cherbourg, en 2008, de la réduction de la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire a eu pour conséquence la disparition du 1/4 Dauphiné et, avec la réactivation du 1/91 Gascogne, avec des Rafale dotés du missile ASMP-A, associée à la volonté de conserver les traditions du 2/4 La Fayette, celle du 3/4 Limousin.

Pour autant, les traditions de cette unité ne disparaîtront pas complétement puisque sa 3ème escadrille, la SPA « Gaulois », sera conservée au sein du 2/4 La Fayette, qui en comptera au total 4 (Sioux et Canards, ainsi que l’escadrille « Lévrier » héritée du 1/4 Dauphiné).

Désormais, la base d’Istres sera la seule équipée de Mirage 2000N, avec un escadron qui devrait être l’un des plus importants de l’armée de l’Air en terme d’effectifs et d’appareils mis en oeuvre, d’autant plus qu’il assurera lui-même la maintenance de ces derniers. Elle accueillera également le centre de formation des équipages sur ce type d’avion.