Libye : Tout n’est pas encore terminé

Les vieux adages populaires sont toujours pleins de sagesse et l’on devrait s’y référer plus souvent afin d’éviter de commettre des erreurs en ces temps d’emballements médiatiques, financiers et économiques. « Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué »… En voici un qui vient à l’esprit au moment où le régime du colonel Kadhafi est en train de vaciller avec la marche des rebelles libyens sur Tripoli.

En effet, tant que le guide libyen n’a pas été neutralisé et que ses partisans ne renoncent pas à déposer les armes, la victoire des insurgés, même si elle est en vue, n’est pas encore acquise.

Ainsi, alors que son arrestation avait été annoncée par la rébellion, puis confirmée par la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, Seïf al-Islam, le fils du colonel Kadhafi pressenti pour lui succéder, est apparu libre, au cours de cette nuit, à l’hôtel Rixos où sont logés les journalistes étrangers à Tripoli. En faisant le « v » de la victoire à l’intention de ses partisans, il a assuré que son camp allait gagner et qu’il se moquait du mandat d’arrêt émis à son encontre par la justice internationale.

Les insurgés ont reconnu que Seïf al-Islam leur avait échappé, sans savoir comment… Tout comme d’ailleur le second fils du colonel Kadhafi, qui également arrêté au début de l’offensive sur Tripoli, a lui aussi pris la tangente.

Aussi, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, se veut prudent. « J’ai dit hier déjà que la victoire n’était pas complète. Le régime est au bord de l’effondrement mais il y a encore des poches de resistance. Il faut que l’Otan soit toujours en alerte pour aller au bout de cette opération » a-t-il affirmé sur les ondes d’Europe1, ce 23 août.

Le chef de la diplomatie française a également indiqué que la rébellion contrôle « la quasi-totalité du pays et une large partie » de Tripoli, où, a-t-il constaté, « il n’y a pas de levée en masse de la population pour soutenir Kadhafi, contrairement à ce qu’on nous avait dit ».

Alors qu’il avait déclaré, la veille, que le régime du colonel Kadhafi était « tombé », le ministre de la Défense, Gérard Longuet, s’est montré plus mesuré ce 23 août, lors d’un entretien accordé à France Inter. « En Libye, c’est une situation qui n’est pas totalement aboutie, tant s’en faut » a-t-il déclaré. « Sur Tripoli même, il y a des combats très forts dans des parties sensibles, notamment autour du port, mais le dispositif de Bab al-Aziziya, qui est le grand quadrilatère contrôlé par Kadhafi et son état-major avec un mur d’enceinte fortifié n’est pas attaqué à cet instant » a-t-il fait savoir.

Si l’Otan a poursuivi ses frappes au cours de la nuit, ces dernières « n’ont pas à cet instant, contrairement à ce que la France demande, permis d’ouvrir une brèche dans ce quadrilatère » a encore ajouté Gérard Longuet, qui estime que cela montrerait « qu’il n’y a pas de sanctuaire. « Nous voulons détruire l’idée d’un sanctuaire où les irréductibles pourraient indéfiniment se retrancher » a-t-il expliqué.

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