Libye : La bataille de Tripoli est engagée

Après s’être emparés de plusieurs localités à l’ouest et à l’est de Tripoli, dont Zawiyah et sa raffinerie ainsi que Zliten, les insurgés libyens ont lancé l’opération « Sirène » contre la capitale, le 20 août au soir.

Environ 200 rebelles partis de Misrata sont arrivés à Tripoli par la mer. D’autres, venus de l’ouest; sont parvenus à entrer dans la capitale, en fin de journée, au terme de violents combats contre les forces du colonel Kadhafi, notamment sur la base aérienne de Mitiga.

En revanche, la caserne de la Brigade Khamis, commandée par un fils du dirigeant libyen et située à 25 km de la capitale, est tombée relativement facilement. Les insurgés ont pu ainsi faire main basse sur les armes de cette unité, qui était la mieux équipée de l’armée libyenne.

Auparavant, les quartiers de Tajoura, Souk al-Jumaa, Arada et al-Sabaa étaient tombés aux mains des insurgés tripolitains, lesquels se sont soulevés à l’annonce de l’approche de leurs camarades du djebel Nefousa.

Au cours de la nuit, les rebelles ont progressé jusqu’à la place Verte sans rencontrer de vive résistance. Toutefois, les forces loyalistes ont bombardé le quartier d’al-Hemida, situé à l’est de la ville.

Selon le New York Times, les insurgés auraient bénéficié de l’appui de drones Predator américains et de l’aide fourni par les forces spéciales françaises et britanniques. Par ailleurs, les hélicoptères de combat mobilisés par la France et le Royaume-Uni dans le cadre de l’opération Unified Protector, sous commandement de l’Otan, auraient été aussi engagés. Cependant, sa porte-parole, Oana Lungescu, a précisé que l’Alliance atlantique « n’aide pas directement les rebelles » mais essais « de frapper des cibles militaires ».

Cela étant, cette avancée rapide des insurgés s’explique en partie par la démotivation des troupes loyalistes, qui subissent les bombardements de l’Otan depuis maintenant plus de 5 mois. « Nous avons vu les forces de Kadhafi courir vers nous. Nous nous attendions à un gros combat, mais il n’y même pas eu de résistance. Nous étions surpris! C’est un grand moment pour nous! » a confié un combattant rebelle venu de Zawiyah à la BBC.

Deux fils du colonel Kadhafi, à savoir Seif al-Islam, qui était jusque-là pressenti pour lui succèder, et Mohammad, ont été arrêtés. Le premier fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes contre l’humanité ». Le second a été placé en résidence surveillée.

Malgré une position qui ne tient plus qu’à un fil, le guide libyen a une nouvelle fois appelé ses partisans à « nettoyer » Tripoli des insurgés lors d’un message diffusé par la télévision d’Etat. Son Premier ministre, Moussa Ibrahim, a quant à lui affirmé que « le régime est toujours fort et que des milliers de volontaires et de soldats sont prêts à se battre », tout en précisant que le colonel Kadhafi est toutefois prêt à négocier avec le chef de la rébellion. Toujours selon ce responsable, les combats auraient fait 1.300 tués dans la capitale.

Au matin du 22 août, les rebelles contrôlent environ 80% de Tripoli. Mais des affrontements sont toujours en cours, notamment autour de la résidence fortifiée de Bab al-Aziziya, où se serait réfugié le colonel Kadhafi. Le complexe a été pris pour cible à plusieurs reprises par les avions de l’Otan, mais des bunkers seraient encore intacts. D’autres combats ont lieu vers l’hôtel Rixos et au sud de la capitale, où des tirs à l’arme lourde ont été entendus.

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