Libye : L’aviation française a frappé fort

Le porte-avions Charles de Gaulle a regagné son port d’attache, à Toulon, à l’issue de près de 5 mois d’opérations au large de la Libye. Pour l’occasion, le président Sarkozy a rendu visite au navire amiral de la Marine nationale, le 12 août. « Vous avez fait honneur à la France » a-t-il lancé aux 1.800 marins du bord.

« Les rivières de sang promises par le colonel Kadhafi n’ont pas coulé grâce à vous », a encore déclaré le président Sakozy. « Chacun d’entre vous doit se dire que, grâce à vous, des milliers de victimes innocentes qui auraient été massacrées par un dictateur fou à Benghazi ont été évitées », a-t-il ajouté.

Quant à la poursuite des opérations en Libye, le président Sarkozy a assuré que la France ira « jusqu’au bout de sa mission » que la volonté de Paris « ne faiblira pas ». « Nous n’en avons pas le choix et nous n’en avons pas le droit » a-t-il poursuivi. « Nous sommes engagés dans la défense du peuple libye. Ce peuple a le droit à la liberté après 41 ans de dictature » a-t-il ajouté.

Cela étant, avant de quitter le théâtre des opérations et au cours du 3 au 11 août, les avions du Charles de Gaulle, associés à ceux de l’armée de l’Air désormais basés à La Sude (Crète) et à Sigonella (Sicile), ont assumé 172 missions, dont 104 d’attaque au sol, 44 de reconnaissance, 13 de contrôle aérien et 11 de ravitaillement en vol. Les hélicoptères (Tigre et Gazelle) de l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT), embarqués à bord du Bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral, ont effectué 31 sorties.

Si le nombre de missions est sensiblement le même par rapport à la semaine précédente, le nombre d’objectifs neutralisés est en revanche en nette hausse, avec plus de 150 cibles détruites, contre près de 80 indiquées lors du dernier compte-rendu de l’Etat-major des armées à Paris.

Les frappes françaises, ont surtout concerné les régions de Misrata, Zlitan et Brega. Une centraine de véhicules militires (blindés, chars, transports de troupes) ont ainsi été détruits, de même qu’une trentaine d’infrastructures, une vingtaine de pièces d’artillerie et une frégate Koni à Tripoli, dernier reste de la marine du colonel Kadhafi.

« Dans la soirée du 7 août, des avions de l’Otan ont mené plusieurs frappes ciblées contre une frégate libyenne amarrée dans le port militaire de Tripoli », a indiqué le colonel canadien Roland Lavoie, le porte-parole de l’opération Unified Protector. « Il était devenu évident que les forces du régime (de Kadhafi) retiraient des armes et des munitions de ce navire de guerre dans l’intention de les utiliser ailleurs » a-t-il expliqué. Selon lui, le bâtiment a été « assez endommagé » et « ne devrait plus représenter une menace pour la population civile ou les forces de l’Otan à l’avenir ».

Pour le commandant de l’opération Unified Protector, le général Charles Bouchard, « les forces du régime Kadhafi au sol continuent de diminuer, en force et en volonté. On continue aussi de voir beaucoup de mercenaires, des mercenaires sans pitié qui viennent d’autres pays et qui sont engagés par les forces de Kadhafi pour infliger (des violences) à des hommes, des femmes et des enfants ».

Seulement, d’après un général de services de renseignement libyens capturés par les rebelles dans les environs de Zaouïah, à 50 km à l’ouest de Tripoli, et dont les propos ont été rapportés par Reuters, « il sera très difficile de le chasser (ndlr, le colonel Kadhafi). Il y a les tribus qui le soutiennent. Il est toujours très fort ». Et d’ajouter : « La majeure partie de la ville de Tripoli ne bouge pas. Il y a bien une opposition mais je dirais que cela ne menace pas vraiment Kadhafi ».

En attendant, la situation évolue lentement. Ainsi, dans l’ouest du pays, les rebelles ont fini par prendre le contrôle de Bir al-Ganham, à 80 km de Tripoli. Ils consolident leurs positions avant de marcher sur Zaouiyah, à 50 km à l’ouest de la capitale libyenne.

A l’est, les combats font toujours rage à Brega, qui est un terminal pétrolier. Les rebelles se seraient emparés de quelques quartiers résidentiels. Au cours des dernières 24 heures, au moins 11 insurgés ont été tués.

Par ailleurs, la rébellion a du mal à faire taire les dissensions, que l’assassinat du chef militaire des insurgés, le général Abdel Fattah Younès, a mis en évidence. Et la mort de ce dernier reste toujours aussi mystérieuse. Le président du Conseil national de transition (CNT), Moustapha Abdeljalil, a décidé de suspendre les 15 ministres du comité exécutif de cet organe politique de l’insurrection et au sein duquel les rebelles du djebel Nefousa et de Misrata s’estiment sous-représentés par rapport à ceux de Benghazi.

Quoi qu’il en soit, l’insurrection libyenne a un nouveau chef militaire, en la personne du général Souleimae Mahmoud, qui est issue, comme son prédécesseur, de la tribu des Obeidat. Cultivé et auteur d’une étude sur la campagne de Rommel en Libye, cet officier avait refusé de tirer sur les civils au début de l’insurrection. Ayant ainsi fait défection, il cependant mis 2 mois pour rallier les rangs des rebelles.

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