La police sud-africaine enquête à nouveau sur les conditions de vente du JAS Gripen

Pourquoi des avions se vendent-ils mieux que d’autres? Le versement de pots-de-vin pourrait être l’une des explications. Cette pratique étant désormais interdite en France, Olivier Dassault avait, en décembre 2010, estimé qu’il fallait la rétablir en qualifiant de « frais commerciaux » les commissions « données dans le cadre de l’obtention d’un marché ».

En tout cas, des soupçons de corruption concernent le constructeur suédois Saab, qui, contraitement à Dassault, du moins pour le moment, a réussi à placer son avion de combat multi-rôles à plusieurs pays, tels que la Thaïlande, la Hongrie, la République tchèque et l’Afrique du Sud.

Seulement, la police sud-africaine vient d’ouvrir à nouveau une enquête sur la vente de 26 Gripen, après que Saab a admis que 3,6 millions de dollars (2,5 millions d’euros) de dessous-de-table avaient été versés pour obtenir le contrat. Cependant, le constructeur suèdois en a rejeté la responsabilité sur son partenaire britannique, BAE Systems, qu’il accuse d’avoir effectué des versements illégaux.

Cette affaire n’est pas nouvelle. En 2009, un procureur suédois avait mis un terme à une enquête portant sur le paiement de commissions occultes pour donner un coup de pouce à la vente de Gripen à l’export. D’autant plus que le contrat sud-africain n’est pas le seul où il y aurait eu des irrégularités. De fortes suspicions de malversations entourent également ceux passés par la République tchèque et la Hongrie.

« Les éléments disponibles ne me permettent pas de certifier qu’un quelconque représentant de Saab AB ou de Gripen International ait intentionnellement contribué à ce que BAE ait, d’une manière contrevenant à la loi suédoise, versé des pots-de-vin après le 1er juillet 2004 » avait expliqué le magistrat, à l’époque. En clair, ne pouvant rien prouver et n’ayant que peu de moyens pour pousser ses investigations, il classa le dossier.

Dans le cas sud-africain, selon la chaîne suédoise TV4, des commission occultes, de l’ordre de plusieurs millions d’euros, ont été versées sous forme de bonus et de salaire à un certain Fana Hlongwane, qui était l’époque à la fois consultat et conseiller du ministère de la Défense, afin qu’il fasse pencher la balance du bon côté.

Quoi qu’il en soit, cette affaire est sensible politiquement. L’unité de police qui s’est saisie de cette enquête, The Hawks, avait été critiquée pour l’avoir abandonnée une première fois. La corruption gangrène le pouvoir sud-africain et de forts soupçons pèsent sur l’actuel président, Jacob Zuma, dont des proches ont été condamnés pour avoir été pris avec les mains dans le pot de confiture.

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