Nouvelles tensions au Kosovo

Quand le Kosovo a déclaré son indépendance vis-à-vis de la Serbie, en février 2008, Belgrade a immédiatement imposé un embargo sur les produits venus de son ancienne province. Trois ans plus tard, Pristina a décidé de rendre la pareille et de refuser les marchandises serbes.

Pour mettre en oeuvre cette mesure, qui a été prise sans en informer la KFOR et la mission européenne EULEX, des unités spéciales de la police du Kosovo (KPS) ont été envoyés dans le secteur nord, peuplé majoritairement par des Serbes, afin de prendre le contrôle des postes frontières de Brnjak et de Jaringe. Si les choses se sont relativement bien passées pour le premier, tout s’est compliqué pour le second.

En effet, avertis du déploiement policier, des manifestants serbes ont érigé des barricades sur la route reliant Mitrovica à la frontière pour bloquer l’accès au poste de Jarinje. Un face à face tendu s’en est suivi, jusqu’à une médiation de la KFOR, la force de l’Otan pour le Kosovo, le lendemain.

Selon l’accord, la KPS a accepté d’évacuer le poste de Brnjak. Seulement, lors de ce retrait, une fusillade a éclaté. Bilan : un policier tué et trois manifestants serbes blessés.

Depuis, les militaires de la KFOR ont été pris pour cible par des groupes armés et le poste de Jarinje a été incendié par une vingtaine d’individus encagoulés. L’Otan a donc décrété « zone militaire interdite » la région entourant les deux secteurs contestés.

« Je ne peux exclure une nouvelle tentative, mais il va de soi que les deux périmètres sont décrétés zones militaires interdites, et les règles d’engagement sont très claires » a affirmé le général allemand Erhard Buhler, le commandant de la KFOR. « Les soldats peuvent recourir à la force, ils peuvent utiliser leurs armes pour se défendre, pour défendre toutes personnes, les biens, la zone militaire. Aucune personne non autorisée à travailler dans les deux périmètres ou à franchir les barrières dout se trouver à proximité » a-t-il expliqué.

Seulement, des habitants serbes du nord du Kosovo ont isolé les militaires de la KFOR qui tiennent les deux postes frontières, en érigeant des barricades sur les routes. « Nous ne permettrons pas que l’Otan achemine des policiers et douaniers (ndlr, albanophones) à la frontière, mais nous nous protègerons, de façon pacifique », a fait savoir Krstimir Pantic, le maire de Mitrovica.

De son côté, Belgrade, accusé par le Premier ministre kosovar, Hacim Thaci, d’avoir commandité les troubles, tente de calmer les esprits tout en exprimant ses inquiétudes. « La violence, de quelque côté qu’elle vienne, n’est pas le moyen de résoudre les problèmes » a ainsi déclaré le porte-parole du gouvernement serve. « Pour nous, le dialogue est la seule manière de résoudre les problèmes au Kosovo et de parvenir à une réconciliation historique entre Serbes et Albanais » a-t-il ajouté.

Le ministre serbe des Affaires étrangères a comparé la situation dans le nord du Kosovo à un « baril de poudre » et demandé l’intervention de la communauté internationale pour éviter un nouvel embrasement.

Ces tensions surviennent alors que la Serbie tente de se rapprocher de l’Union européenne, après avoir livré à la justice internationale Ratko Mladic et Goran Hadzic, deux criminels de guerre recherché pour leur rôle dans les exactions commises en Bosnie et en Croatie lors de la guerre des Balkans dans les années 1990.

Aussi, contrairement aux affirmations du Premier ministre kosovar, lui-même suspecté par un rapport de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe d’avoir été à la tête d’un groupe criminel ayant organisé un trafic d’organes prélevés sur des prisonniers serbes, il n’est pas dans l’intérêt de Belgrade, du moins à première vue, d’alimenter des troubles dans le nord du Kosovo.

Par ailleurs, considérant que la situation sécuritaire s’était améliorée, la KFOR a réduit drastiquement ses effectifs au cours de ces derniers mois et adapté son organisation en conséquence, avec 2 battle group et 5 Joint Regional Detachment (JRD). Plus de 300 militaires français y sont déployés.

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