Deux avions de chasse chinois ont poursuivi un avion de surveillance américain jusqu’à Taïwan

Le ministère de la Défense taïwanais a confirmé, par un communiqué en date du 25 juillet, que deux avions SU-27 chinois ont été refoulés, fin juin, après avoir pénétré l’espace aérien de l’île, dont la souveraineté est revendiquée par Pékin. Cela n’était pas arrivé depuis 1999.

Cela dit, les autorités taïwanaises ont minimisé l’importance de cet incident. « Il y a une ligne entre les deux côtés et si les avions chinois volent trop près, nous réagissons » a déclaré un responsable du ministère de la Défense. « S’ils franchissent la ligne, nous traitons cela comme un acte hostile, mais parfois, ils voelnt près de la ligne et pour être honnête, cela arrive tout le temps et ce n’est pas un vrai problème » a-t-il ajouté.

Les deux appareils de l’aviation chinoise poursuivaient un avion de surveillance de l’US Air Force, alors en mission de reconnaissance au-dessus du détroit de Taïwan. Certaines sources ont parlé d’un U2, dont trois exemplaires sont basés en Asie orientale, plus précisément en Corée du Sud, pour surveiller les activités militaires nord-coréennes. Mais il se pourrait que ce soit un RC-135 ou un EP-3 Aries de l’US Navy, tous deux équipés pour des missions de renseignement électronique (SIGINT).

Par le passé, un RC-135 avait été intercepté, en 2000, dans l’espace aérien international, au-dessus de la mer de Chine orientale, par deux avions J-8 de l’aviation chinoise.

En avril 2001, près de l’île de Hainan, en mer de Chine méridionale, un EP-3 Aries était entré en collision avec un J-8 chinois. Le pilote de ce dernier trouva la mort tandis que l’équipage de l’appareil américain, qui avait réussi à se poser, fut détenu par les autorités chinoises, pour être finalement libéré quelques jours plus tard. Seulement, Pékin conserva l’avion de renseignement, dont les équipements les plus sensibles avaient été détruits par ses occupants.

Quant aux U2, les seuls qui furent abattus par les Chinois appartenaient au 35e l’escadron taïwanais « Black Cat », qui perdit ainsi 5 exemplaires jusqu’en 1972.

Cela étant, la Chine a demandé aux Etats-Unis de mettre un terme aux reconnaissances aériennes et aux missions de renseignement près de ses côtes. Pour le ministère chinois de la Défense, cela constitue un « obstacle majeur aux relations bilatérales ».

« Nous demandons aux Etats-Unis de respecteter la souveraineté et les intérêts chinois en matière de sécurité et de prendre des mesures concrètes pour un développement stable et sain des relations militaires » a déclaré le ministère chinois de la Défense.

Le Pentagone a pour sa part assuré qu’aucun avion américain n’avait pénétré l’espace aérien chinois, sans pour autant donner de détails. En fait, les appareils de renseignement de l’US Air Force et de l’US Navy volent à proximité des côtes chinoises tout en restant dans l’espace aérien international.

« Je peux vous dire que nous menons des missions de reconnaissance dans l’espace aérien international régulièrement et il est courant que la Chine envoie des avions de chasse », a déclaré le colonel Dave Lapan, le porte-parole du Pentagone.

Les relations militaires entre la Chine et les Etats-Unis alternent entre des moments de tension et de détente. L’une des causes principales des dissensions est due aux ventes d’armes américaines à Taïwan, toujours vues d’un mauvais oeil par Pékin.

En 2010, la Chine avait suspendu ses relations militaires avec les Etats-Unis pour prostester contre la vente d’armes consentie à Taïwan par Washington pour un montant de 6 milliards de dollars d’armes. Les discussions ont repris par la suite, notamment avec les visites à Pékin de Robert Gates, l’ancien secrétaire américain à la Défense et, en juillet, de l’amiral Muellen, l’actuel chef d’état-major interarmées.

Mais il est probable que de nouveaux nuages apparaissent, avec la demande taïwanaise portant sur l’acquisition de 66 F-16 C/D, qui pourrait avoir une réponse favorable d’ici à octobre prochain.

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