Libye : L’Otan bombardera des sites civils utilisés par les forces loyalistes

Les chances pour que la rébellion libyenne puisse s’emparer de Tripoli sont minces, même si elle est aidée par les frappes aériennes de l’Otan. Face à des troupes aguerries, qui maîtrisent le combat d’infanterie mieux que les rebelles, la tâche paraît bien compliquée.

D’où l’affirmation faite par l’amiral Mike Muellen, le 25 juillet, lors d’un conférence de presse donnée avant son départ en retraite. « Nous sommes, de manière générale, dans une impasse », a-t-il reconnu. Toutefois, il a souligné que les frappes de l’Otan « ont considérablement amoindri » le potentiel des forces loyalistes et qu’elles ont constitué, sur ces dernières, une « pression supplémentaire ».

« A long terme, je pense que c’est une stratégie qui fonctionnera (et permettra) de chasser Kadhafi du pouvoir » a-t-il estimé. En fait, l’espoir d’une conclusion rapide de l’affaire passe par une éventuelle révolution de palais à Tripoli, laquelle serait fatale au colonel Kadhafi.

Et cela est une option probable. En effet, aux dires d’un prisonnier des forces loyalistes cité par l’agence Reuters, les soldats pro-Kadhafi auraient le moral en berne et seraient épuisés après plus de quatre mois de frappes aériennes.

Mais pour le moment, les combats continuent. Le colonel canadien Roland Lavoie, porte-parole de l’opération Unified Protector, sous commandement de l’Otan, a estimé que la situation sur le terrain est « très dynamique » et « très changeante », notamment à Brega et à Misrata, deux villes que les deux camps se disputent. Pour la première, rien n’a en fait véritablement changé depuis la semaine passée puisque l’avancée des rebelles est freinée par les mines et les tranchées en feu remplies de pétrole. Et la seconde, contrôlée par la rébellion, est toujours la cible de l’artillerie des forces loyalistes.

Par ailleurs, le colonel Lavoie a accusé les troupes du colonel Kadhafi de se cacher dans des zones résidentielles et d’occuper des bâtiments à usage habituellement civil, profitant ainsi de la crainte de l’Otan de commettre des dommages collatéraux.

« Les forces fidèles à Kadhafi occupent de plus en plus des installations qui avaient naguère une raison d’être civile » a-t-il déclaré, et plus précisément des bâtiments agricoles, des entrepôts, des usines ou encore des conserveries. « En occupant (…) ces locaux, le régime les a transformés en installations militaires, à partir desquelles il dirige des attaques, si bien qu’ils ont perdu leur ancien statut protégé, ce qui en fait des objectifs valabes et même nécessaires pour l’Otan » a-t-il expliqué.

« Nos forces continuent de se concentrer sur les régions fortement disputées que sont Brega et Misrata, et visent entre autres d’anciennes structures civiles aujourd’hui reconverties en sites militaires » a encore ajouté le colonel Lavoie, qui assuré, une nouvelle fois, que l’Otan « prend les plus grandes précautions », notamment en obtenant des renseignements, avant de bombarder des objectifs afin d’éviter les pertes civiles.

Justement, au niveau de la collecte du renseignement, les Etats-Unis songeraient, selon un responsable américain cité par Reuters, à envoyer davantage de drones Predator, à la demande de l’Otan. Plus tôt dans ce mois, au cours d’un déplacement en Irak, le nouveau secrétaire à la Défense, Leon Panetta, avait estimé que certains alliés de l’Otan engagés en Libye allaient être à bout de leurs capacités militaires et qu’il fallait s’attendre à de nouvelles sollicitations adressées à Washington.

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