Paris choisit une solution franco-israélienne au détriment du drone MALE américain MQ-9 Reaper

Le ministre de la Défense, Gérard Longuet, a enfin pris une décision dans le dossier des drones MALE (moyenne altitude – longue endurance). Afin d’éviter un trou capacitaire dans ce secteur, en raison de l’arrivée en fin de vie des systèmes Harfang actuellement en service au sein de l’armée de l’Air et dont deux exemplaires sont déployés en Afghanistan, il fallait trouver une solution transitoire, en attendant qu’un programme européen puisse prendre la relève.

Ainsi, l’idée d’acquérir « sur étagère » des drones MQ-9 Reaper (ou Predator B) auprès du constructeur américain General Atomics a été avancée en octobre 2009. Cet appareil, qui a largement démontré ses capacités, avait la faveur de l’état-major, d’autant plus que son prix était raisonnable.

Seulement, pour Dassault Aviation et EADS, cette perspective n’était pas acceptable. Pas plus qu’elle ne l’était pour certains élus. « L’acquisition par la France d’équipements militaires étrangers, à l’instar du drone américain Predator, constituerait un signe extrêmement inquiétant pour tous ceux qui, élus comme industriels, sont attachés à garantir nos capacités de recherche » avait alors estimé le député UMP Bernard Carayon, spécialiste des questions d’intelligence économique.

Trois projets ont alors été soumis par les industriels. Le groupe EADS a alors proposé une version modernisée du Harfang. Mais, selon un rapport parlementaire publié en décembre 2009, de sérieux doutes avaient été émis quant aux délais de livraison des appareils, compte tenu des relations du constructeur européen avec la firme israélienne IAI qui les a développés.

De son côté, Sagem a soumis son drone Patroller, conçu en collaboration avec la société allemande Stemme, spécialiste des avions légers. Quatre fois moins lourd que le Predator B américain, cet appareil a une autonomie de 20 à 30 heures de vol et peut atteindre les 25.000 pieds d’altitude et la vitesse de 300 km/h. Et, il est intéropérable avec les drones Sperwer de l’armée de Terre.

Enfin, Dassault Aviation a mis en avant le drone SDM (Système de Drone MALE), conçu à partir du Heron TP du constructeur IAI. Et, finalement, c’est cette offre que le ministre de la Défense a choisie, lors du Comité ministériel d’investissement du 20 juillet.

« Le développement de la solution F-Heron TP impliquera, autour de Dassault Aviation, plusieurs entreprises françaises au travers d’activités de haute valeur ajoutée, générant emplois et transferts de savoir-faire sur le territoire national » explique le ministre de la Défense, par voie de communiqué.

Il s’agit, en choisissant cette option, de préparer le terrain pour « structurer une filière industrielle en préparation du futur système de drones MALE franco-britannique », c’est à dire le programme Telemos, lancé par Dassault Aviation et BAE Systems. Les premiers appareils de nouvelle génération, fruits de cette coopération, devraient être disponibles à partir de 2020.

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