Les biocarburants sont encore trop chers pour l’US Air Force

Afin de réduire sa dépendance aux énergies fossiles, l’US Air Force a lancé un programme visant à faire voler ses appareils avec le biocarburant HRJ (Hydrotreated Renewable Jet) à base de cameline, une plante de la famille du colza qui sert à fabriquer habituellement de l’huile végétale.

C’est ainsi qu’un F22 Raptor a effectué un vol d’essai avec ce type de produit au début du printemps dernier. L’US Navy a également un projet similaire, avec pour objectif de réduire de moitié ses besoins en hydrocarbures d’ici 2020.

Seulement, si la quasi totalité de ses avions sont en mesure de voler grâce à ces carburants et que leur généralisation pourrait avoir lieu dès la fin 2012, il n’empêche que l’US Air Force estime encore trop élevé le coût de cette alternative, alors que le prix du baril de brut reste à un niveau élevé.

Chaque année, l’US Air Force consomme 9,5 milliards de litres de carburant. Et 3,8 litres (*) de biocarburants (soit 1 gallon) coûtent 35 dollars, soit 10 fois plus qu’un gallon de JP-8, le kérozène actuellement utilisé.

Pour autant, l’aviation américaine compte toujours réduire de moitié ses besoins en hydocarbures d’ici 2016 et donner ainsi une plus large part aux énergies alternatives. « Ce que nous essayons de faire, c’est d’envoyer un message clair à l’industrie pour dire que l’US Air Force veut pouvoir acheter des biocarburants et les utiliser dans notre lotte de façon opérationnelle », a expliqué Erin Conaton, une responsable du Pentagone. « Mais pour cela, il faut que l’industrie puisse produire les quantités dont nous avons besoins à un prix compétitif » a-t-elle ajouté.

Cela étant, les biocarburants, qui passent pour être écologiques, ne sont pas la panacée. Une étude de l’Institute for European Environmental Policy a ainsi établi que l’objectif de l’Union européenne visant à atteindre le seuil de 10% d’énergies renouvelables d’ici 2020 pour les transports induirait le rejet de 27 à 56 millions de tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère de plus par rapport aux énergies fossiles (soit de +82 à 167%) et que cela mobiliserait près de 70.000 km2 de terres agricoles, ce qui obligerait à déplacer les cultures alimentaires dans d’autres endroits, en particulier vers les régions tropicales, ce qui suppose une augmentation de la déforestation.

Aussi, le recours aux biocarburants pour l’armée américaine semble répondre davantage à la volonté de moins dépendre des produits pétroliers (avec tout ce que cela suppose au plan géostratégique) que d’une préoccupation environnementale.

(*) 1 gallon vaut précisément 3,785411784 litres

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