Un rapport critique la faiblesse des moyens des forces britanniques en Afghanistan

« La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent », a écrit Albert Camus. Et manifestement, si les responsables militaires et surtout politiques avaient donné assez de moyens à leurs troupes en Afghanistan avant que la rébellion ne reprenne ses actions avec intensité, sans doute aurions-nous évité la situation compliquée telle qu’elle est actuellement.

Tel est le cas de la Grande-Bretagne. En 2006, l’armée britannique prend la relève des forces américaines alors déployées dans la province du Helmand, avec la mission de sécuriser la région, de mettre en place les structures politiques et de mener à bien des projets de reconstruction. C’est la conclusion à laquelle est arrivé le comité de pour la Défense de la Chambre des Communes, qui vient de publier un rapport à ce sujet.

« Il est inacceptable que les forces britanniques aient été déployées dans la province de Helmand pour trois ans à partir de 2006 sans le personnel, l’équipement et les moyens de renseignement nécessaires pour réussir leur mission » accusent les parlementaires dans ce document.

Le comité s’est dit « troublé » par le fait que les responsables politiques n’aient pas eu une idée précise de la réalité de la situation et qu’il avait été dit que les officiers supérieurs affectés en en Afghanistan étaient « satisfaits du soutien qu’ils recevaient dans le Helmand alors qu’ils ne l’étaient manifestement pas » et la hiérarchie militaire est accusée de n’avoir pas averti plus tôt le pouvoir politique du changement de la nature de la mission des forces britanniques.

Et le nombre des pertes de ces dernières a considérablement augmenté à partir de cette période, passant de 5 tués pour les années 2001-2005 à 39 pour 2006, 42 pour 2007 et 51 pour 2008.

A la décharge des responsables militaires, il ne faut non plus perdre de vue qu’il y avait aussi à gérer, dans le même temps, l’engagement de la Grande-Bretagne en Irak, un autre important théâtre d’opérations.

Pour le rapport, la situation dans le Helmand a donc mal été évaluée et que, par conséquent, la mission n’a pas été préparée comme elle aurait dû l’être. Le comité pointe plus particulièrement le manque de moyens aériens, notamment au niveau des hélicoptères Chinook, dont le nombre aurait dû être deux fois plus important qu’il ne l’a été (5 exemplaires déployés à l’époque) et la réaction tardive du ministère de la Défense face à la menace des engins explosifs improvisés, l’arme de prédilection des insurgés responsable de la grande majorité des pertes parmi les forces de la coalition sous commandement de l’Otan.

« Nos forces ont obtenu les meilleurs résultats tactiques possibles dans des circonstances très difficiles en raison de la haute qualité et de la formation de notre personnel » a souligné James Arbuthnot, le président du comité. Mais selon lui, « les niveaux d’effectifs déployés en 2006, 2007 et 2008 ne pouvaient en aucun cas permettre de réaliser ce qui était demandé aux forces armées par le Royaume-Uni, l’Otan et le gouvernement afghan. »

Selon l’actuel ministre britannique de la Défense, Liam Fox, les lacunes mises en lumière par le comité Défense de la Chambre des Communes ont depuis été résorbées. « Depuis 2009, nous avons vu le niveau des effectifs augmenter dans le Helmand et grâce l’augmentation de ceux des forces afghanes, l’insurrection n’a pas pris d’ampleur » a-t-il affirmé au quotidien The Daily Telegraph.

Au total, l’armée britannique a perdu 376 soldats en Afghanistan. Avec respectivement 108 et 103 tués, 2009 et 2010 sont les années les plus meurtrières mais aussi celles au cours desquelles des offensives majeures ont été planifiées.

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