Afghanistan : Les insurgés ont changé de tactique en Kapisa

Après le décès de 6 militaires français en deux jours et à l’issue d’un conseil de sécurité qui s’est tenu le 14 juillet à l’Elysée, le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Elrick Irastorza, a été chargé de remettre des propositions afin d’améliorer la sécurité des troupes françaises actuellement engagées dans la province de Kapisa, en Afghanistan.

Depuis le début de cette année, les insurgés y ont adopté de nouvelles tactiques, en limitant les embuscades et en ayant davantage recours aux engins explosifs improvisés, et donc maintenant, aux attentats suicides, dont l’un d’entre eux a fait 5 tués parmi les militaires français à Joybar, le 13 juillet.

Un signe de cette évolution avait été perceptible avec l’explosion d’une voiture piégée conduite par un kamikaze à proximité d’un Véhicule de l’Avant Blindé (VAB) français, dans le village de Tatarkhel, le 30 mars dernier.

Ainsi, le nombre de TIC (Troops in Contact), qui étaient encore quotidiens lors de l’offensive d’été dernier menée par insurgés, a été divisé par deux. Dans le même temps, celui des attentats réalisés par des bombes artisanales cachées aux bords des routes a doublé, avec des charges de plus en plus puissantes que par le passé.

L’action des militaires français en Kapisa gêne considérablement les mouvements des rebelles, pour qui cette province est stratégique pour accèder à Kaboul et à Bagram. En février dernier, la brigade La Fayette a réussi à sécuriser l’axe Vermont, qui traverse la zone. Et c’est sans compter sur la situation du district voisin de Surobi, qui a été stabilisée et dont le contrôle de la sécurité pourrait être prochainement confié aux forces afghanes.

Pour le chef d’état-major des armées, l’amiral Guillaud, « les taliban modifient leur guerre, ils ont sans doute compris qu’ils ne pourraient gagner sur le terrain et ils sont passés sur le mode de la terreur aveugle, c’est-à-dire l’attentat suicide ». Signe de faiblesse des insurgés? Sans doute, mais pas seulement.

Ce qui semble apparaître, c’est que le Hezb-e-Islami du seigneur de guerre Gubbuldin Hekmaktyar, qui était jusqu’alors très présent en Kapisa, s’est effacé au profit des taliban. Le responsable de la prise en otage des deux journalisates de France3, récemment libérés, était un certain Ghufar Shafaq, le commandant taleb du district d’Alasay…

Et ce dernier a pour supérieur hiérarchique Qari Baryal (de son vrai nom Habib Ur-Rahman), un ancien du Hezb-e-Islami, vétéran de la guerre contre les Soviétiques et passé, depuis, dans les rangs taliban. Or, il se trouve que ce commandant militaire pour la Kapisa vit au Pakistan, plus précisément à Peshawar, qui est aussi un centre de recrutement du mouvement taleb pakistanais (TTP), lequel est allié à al-Qaïda. Et les attentats suicides font partie de leur mode opératoire.

Par conséquent, ce changement de tactique des insurgés en Kapisa pourrait être le fait de l’influence grandissante sur les insurgés afghans du mouvement taleb pakistanais et d’al-Qaïda , qui, pour mémoire, n’a eu de cesse au cours de ces derniers mois, de réclamer le retrait des troupes françaises de cette province (communiqués de Ben Laden du 27 octobre 2010 et du 21 janvier, liant la libération des otages employés d’Areva au Niger à cette revendication, justification de l’enlèvement de deux jeunes français, en janvier dernier, par « la croisade de la France en Afghanistan).

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