La base aérienne de Reims a fermé ses portes

Conséquence de la réforme de la carte militaire, près de 83 ans après sa création officielle, la base aérienne 112 « Marin-la-Meslée » a été officiellement fermée, ce 30 juin, par le chef d’Etat-major de l’armée de l’Air, le général Jean-Paul Paloméros.

C’est en 1925 qu’a été décidé de créer une base aérienne en Champagne, sur les ruines de l’ancienne école militaire d’aviation, détruite lors de la Première Guerre Mondiale. Trois ans plus tard, le site est en mesure d’accueillir sa première unité, à savoir la future 12e Escadre de Bombardement, qui, venue d’Allemagne, est équipée de Breguet 19, puis, par la suite, de Lioré-et-Olivier 20, de Bloch 200 et 210.

Au cours des années 1930, la base de Reims prend de l’ampleur et devient ainsi la première de France de par son importance, à la veille de la campagne de mai-juin 1940. Outre la 12e Escadre de Bombardement, les installations champenoises accueillent le Centre d’expériences aériennes militaires, les 4e et 5e Escadres de Chasse, le Groupement Aérien d’Observation 552, le 601e Groupement d’Infanterie de l’Air et le 2e groupe de la 13e Escadre de Chasse de Nuit. Les Potez 631 CN2 côtoient les chasseur Curtiss H-75, un appareil américain acheté en urgence auprès des Etats-Unis.

Lorsque la guerre contre l’Allemagne éclate, les unités de la base de Reims sont déployées sur des terrains de campagne et remplacées par le squadron 226 de la Royal Air Force. Le 10 mai 1940, elle est la cible des bombardiers allemands, avant de tomber aux mains de l’ennemi plus d’un mois plus tard. Entretemps, un jeune pilote du groupe de chasse 1/5, le lieutenant Edmond Marin la Meslée, obtient 20 victoires aériennes, dont 16 homologuées. Devenu commandant, il sera abattu en février 1945, en Alsace.

Pendant l’occupation allemande, la base de Reims, rebaptisée « Flugplatz A213/XI », accueille successivement des escadrilles de Heinkel 111Z, de Focke-Wulf 190, de Messerschmitt Bf-109. Ce qui lui vaut d’être abondamment bombardé par les forces alliées.

En septembre 1944, la base de Reims passe sous le contrôle de l’US Army Air Force et reçoit deux unités de la 9e Air Force ainsi que l’état-major de la 9e Bombardment Division. Elle devient aussi un immence centre logistique pour ravitailler les troupes alliées qui combattent en Allemagne.

Après la guerre, la base reimoise est le point de passage des prisonniers de guerre rapatriés d’Allemagne et les Dakotas C-47 ainsi que les Curtiss C-46 s’y posent régulièrement. Puis elle sert ensuite de dépôt où sont stockés les matériels de guerre américains en attente d’être détruits ou revendus.

Ce n’est qu’en 1950 que l’armée de l’Air décide de réactiver la base de Reims, qui deviendra le refuge, jusqu’en 1961, de la 3e Escadre de Chasse, équipée dans un premier temps par des De Havilland 100 Vampire, puis des Republic F-84 et des North-Americain F-100 Super Sabre. Cette formation prendra part à l’expédition de Suez en 1956.

Trois ans plus tôt, la base prend officiellement le nom de « commandant Marin la Meslée ». Autre événement de cette période : c’est dans la capitale champenoise qu’est créé ce qui deviendra plus tard la Patrouille de France, grâce au commandant Pierre Delachenal, qui a eu l’idée d’une formation acrobatique.

En 1961, la 3e Escadre de Chasse quitte la Champagne pour aller s’établir en Allemagne. Elle est remplacée par la 30e Escadre de chasse tout temps et la 62e Escadre de transport, dotée de Nord 2501 Noratlas. Et, cinq ans plus tard, le Régiment de Chasse 2/30 Normandie-Niémen arrive à Reims.

Le début des années 1970 est marquée par l’arrivée du Mirage F1, qui, remplace alors le Vautour IIN. La base établit des relations avec l’Union soviétique, en raison de la présence du Normandie-Niémen. Ces dernières seront temporairement suspendues en 1978, avec l’invasion de l’Afghanistan.

Au gré des réformes, la BA 112 connaît de nouvelles évolutions dès 1993, avec la disparition de la 30e Escadre de chasse (le « Neu-Neu » étant affecté à Colmar). Cependant, la silhouette du Mirage F1 ne quitte pas le ciel champenois puisqu’elle reçoit les escadrons de reconnaissance 01.033 Belfort et 02.033 Savoie, en provenance de la base de Strasbourg-Entzheim, alors dissoute.

Depuis, l’ER 01.033 Belfort a troqué ses Mirage F1CR contre des drones et a établi ses quartiers à Cognac. Quant au 02.033 Savoie, il est en train de déménager vers la base de Mont-de-Marsan, alors qu’il est engagé dans les opérations en Libye.

Jusqu’à une date récente, la base de Reims mettait ainsi en oeuvre une quarantaine d’avions et était le 3e employeur de la région rémoise, avec un impact économique estimé à plus de 60 millions d’euros. Quant à la reconversion de ce site de 540 hectares, rien n’a encore été décidé. Il a été question d’y implanter des activités aéronautiques civiles, des éoliennes, un radar Thales GM-403, un parc d’attraction, etc… Un choix pourrait être annoncé le 11 juillet prochain.

Plus : « BA 112 de Reims côté coulisses », par Frédéric Lafarge et Jean-Pierre Calka, 177 pages, 28 euros

Photo : Arrivée du premier Mirage F1C à Reims, en décembre 1973

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