Les services pakistanais plus prompts à arrêter les informateurs de la CIA que de localiser Ben Laden

« La poursuite de la coopération avec le Pakistan est essentielle pour maintenir l’énorme pression sur la direction d’al-Qaïda et les réseaux qui lui fournissent du soutien et un sanctuaire » a affirmé Leon Panetta, dans une réponse écrite envoyée aux sénateurs de la commission de la Défense, chargés de valider sa nomination à la tête du Pentagone, à compter de l’été prochain.

Cela étant, cette « coopération » n’a pas permis de mettre la main plus tôt sur Oussama Ben Laden, l’ancien chef d’al-Qaïda qui avait pourtant trouvé refuge à Abbottabad, une ville de garnison pakistanaise, où il a été finalement neutralisé par un commando américain le 2 mai dernier. D’où la suspicion de collusions et de complicités entre les services secrets pakistanais (ISI, Inter Services Intelligence) et le réseau terroriste.

L’on peut penser – mais ce n’est que pure spéculation – que tant que Ben Laden était recherché, Islamabad pouvait compter sur les aides financières américaines dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, la situation économique du pays étant catastrophique.

Quoi qu’il en soit, le raid du commando américain à Abbottabad a piqué au vif les responsables pakistanais et il va faire l’objet d’une enquête menée par une commission indépendante. Cette initiative, prise par le premier ministre, Youssouf Raza Gilani, a été demandée par le Parlement, lequel souhaite qu’il soit pris « les mesures nécessaires pour s’assurer qu’un tel incident ne se reproduise plus ».

Mais en attendant, ce sont les informateurs pakistanais de la CIA qui paient les pots cassés. Selon le New York Times, cinq d’entre eux ont été arrêtés par l’ISI, qui aurait ainsi fait preuve d’une certaine efficacité qui lui a manqué pour repérer et arrêter Oussama Ben Laden, alors qu’il résidait depuis au moins 5 ans à Abbottabad.

Parmi ces informateurs de la CIA, dont le sort est encore inconnu, l’on trouve le propriétaire d’une maison proche du refuge de l’ancien chef d’al-Qaïda, et dans laquelle des agents américains avaient établi une « planque » et un commandant de l’armée pakistanaise, qui aurait relevé les plaques minéralogiques des véhicules appartenant aux visiteurs de Ben Laden.

Interrogé au sujet de ces arrestations, le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a répondu que « notre relation avec le Pakistan est extrêmement importante, mais elle est aussi compliquée. Il est important de rappeler que maintenir cette relation permet d’améliorer notre sécurité intérieure ».

Par ailleurs, les Etats-Unis comptent sur le Pakistan pour qu’il fasse pression sur les groupes d’insurgés afghan avec lesquels il est de mèche dans les négociations qui ont été ouvertes avec les autorités de Kaboul, faute d’une offensive au Nord-Waziristan, région où ils ont trouvé refuge.

Autre donnée : les frappes aériennes américaines dans les zones tribales pakistanaises. Ces dernières ont été vivement condamnées par le Parlement pakistanais, qui a demandé leur arrêt sous peine de l’interdiction des convois de l’Otan vers l’Afghanistan.

Mais cela n’a pas empêché leur poursuite et, depuis la mort de Ben Laden, leur fréquence a même augmenté : en moins de trois semaines, une cinquantaine de militants islamistes ont été tués par des missiles américains tirés par des drones.

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