Les Etats-Unis intensifient leur traque des militants d’al-Qaïda au Yémen

La situation sécuritaire yéménite est catastrophique. Le Yémen est confronté à une rébellion chiite dans le nord, à une contestation de militants marxistes nostalgiques de la République démocratique populaire du Yémen Sud, qui existait avant la réunification du pays, à l’activisme d’al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA) et, pour couronner le tout, à une insurrection contre le régime du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis plus de 30 ans.

Ce dernier, gravement blessé lors de l’attaque du palais présidentiel, le 3 juin dernier, est actuellement hospitalisé en Arabie Saoudite, ce qui rend l’avenir du Yémen encore plus incertain.

Pour l’administration américaine, c’est surtout la présence de plus en plus manifeste d’AQPA qui inquiète. Le réseau terroriste s’est emparé des villes de Jaar, en mars, et, plus récemment, de Zinjibar, dans le sud du pays. La mobilisation des forces yéménites pour contenir l’insurrection populaire à Sanaa explique en partie les succès des jihadistes.

Ainsi, le chef d’état-major de l’armée américaine, l’amiral Mullen, a estimé que la situation au Yémen rend AQPA encore plus « dangereux ». D’ailleurs, Ayman al-Zawahiri, qui était, avant la mort de Ben Laden, le numéro deux d’al-Qaïda, ne s’y est pas trompé en lançant un appel vidéo aux Yéménites les invitant à continuer leur révolte afin de mettre en place un régime qui établira la charia (loi coranique).

Par le passé, cette organisation a tenté de s’attaquer aux Etats-Unis, sous l’impulsion de l’imam Anouar al-Aulaqui. C’est lui qui a poussé un médecin psychiatre de Fort Hood a ouvrir le feu sur des militaires américains en novembre 2009. Un mois plus tard, la filiale d’al-Qaïda dans la péninsule arabique a tenté de faire exploser en vol l’avion assurant la liaison entre Amsterdam et Détroit. Plus récemment, ce réseau a placé des colis piégé à bord d’appareils de fret à destination des Etats-Unis.

En fait, Washington a toujours gardé un oeil sur les activités des terroristes au Yémen, notamment depuis l’attentat contre le destroyer USS Cole, en octobre 2000, dans le port d’Aden. En 2002, un responsable d’al-Qaïda, Salim al-Harithi, avait été tué dans ce pays lors d’un raid américain mené à l’aide d’un drone.

Depuis, les Etats-Unis ont accordé une financière de plusieurs dizaines de millions de dollars au Yémen afin d’aider ses forces armées à faire face aux militants d’al-Qaïda et envoyé sur place des personnels expérimentés de la CIA et des forces spéciales à des fins de formation. Voire sans doute pour faire plus.

En effet, en novembre 2010, le Washington Post indiquait que des drones Predator avaient été engagés au Yémen, sous l’autorité de l’US Joint Special Operations Command (JSOC), pour cibler les responsables d’AQPA.

Et selon le New York Times, l’administration américaine aurait décidé d’intensifier les frappes aériennes contre le réseau terroriste, non seulement à l’aide de drones mais aussi de chasseurs-bombardiers. Ces opérations sont menées par le JSOC, en collaboration avec la CIA. Ainsi, l’un de ces raids aurait été mené contre Abu Ali al-Harithi, un responsable d’AQPA, le 3 juin dernier.

Seulement, l’efficacité de ces frappes dépend de la qualité des renseignements obtenus sur le terrain pour localiser les responsables jihadistes. Et là, vu le contexte, les services américains doivent veiller à ne pas se faire manipuler par des groupes tentés de faire éliminer leurs rivaux.

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