Et revoilà l’idée de l’encadrement militaire pour les délinquants multirécidivistes

Souvenez-vous. En 2007, alors candidate socialiste à l’élection présidentielle, Ségolène Royal avait proposé l’idée d’encadrer militairement les jeunes délinquants. La présidente de la région Poitou-Charentes avait remis cette proposition sur le tapis en août 2010 en y associant Maxime Bono, le député-maire de La Rochelle, soucieux d’éviter la dissolution du 519e Régiment du Train, implanté dans la ville depuis 1967, en demandant au gouvernement l’autorisation d’expérimenter cette mesure.

Ainsi, pour Ségolène Royal, l’encadrement militaire offrirait une alternative à la prison, qui « transforme les jeunes en délinquants plus durs que lorsqu’ils y sont entrés » ainsi qu’anx centres de sécurité renforces « qui n’ont pas été construits ». Selon elle, le placement des voyous edans des régiments permettrait « le réapprentissage des droits et des devoirs ». « On va leur redonner de l’utilité sociale, on va leur apprendre un métier, tout ça de façon encadrée » avait-elle expliquée, en août 2010, sur les ondes de France Inter.

« Ce n’est pas le boulot des militaires. Une armée, c’est fait pour assurer la sécurité du pays, son indépendance, la défense de ses intérêts, le maintien de la paix, la sécurité du monde », avait alors répondu Hervé Morin, qui était le ministre de la Défense à l’époque. « Les militaires ne sont pas là pour encadrer la délinquance, il y a d’autres services de l’Etat pour cela. Il ne faut pas mélanger les genres » avait-il encore ajouté.

L’affaire en était restée là. Jusqu’à ce qu’un député UMP, Eric Ciotti, remette au président de la République 50 propositions censées garantir une meilleure efficacité dans l’exécution des peines de justice et dont le Figaro a eu la primeur.

Ainsi, le député propose pour « les mineurs les plus difficile », c’est à dire les délinquants récidivistes ou « multiréitérants », une sorte de « service civique », sous « encadrement militaire », en s’inspirant des Etablissement d’insertion des jeunes gérés par la Défense nationale (EPIDE). Il n’est donc pas question de recréer les Bat’ d’Af, ces bataillons disciplinaires du début du XXème siècle…

Si une idée a été jugée mauvaise en son temps, comment pourrait-elle devenir une bonne mesure moins d’un an plus tard? Car si l’on se base sur les expériences passées, l’on ne peut pas dire que l’encadrement des délinquants « multiréitérants » ait été une réussite. En effet, les résultats de l’association « Jeunes en équipe de travail » (JET), créée en 1986 à l’initiative d’Albin Chalandon, alors ministre de la Justice, et de son collègue à la Défense, André Giraud, n’ont pas été concluants.

Cette structure proposait d’organiser des « stages de ruptures » d’une durée de 4 mois, avec un encadrement assuré par des militaires d’active, à l’intention de jeunes délinquants. Un rapport du Sénat, publié en 2003, a rendu une évaluation mitigée de ce dispositif. « Les résultats obtenus montrent la très grande difficulté de réussir à réinsérer ces populations » peut-on lire dans le document.

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