Les Etats-Unis négocieraient en secret avec les taliban; Rumeurs sur le Mollah Omar

Depuis le lancement de leur offensive de printemps, les taliban et, d’une manière générale, les insurgés afghans, intensifient leurs actions meurtrières. Ainsi, dans l’est de l’Afghanistan, ce sont 36 ouvriers d’une entreprise de construction qui ont été victimes, le 19 mai, d’une de leur attaque.

Plus récemment, un attentat a visé l’hôpital militaire afghan de Kaboul (6 tués), un autre a concerné le quartier général de la Police, à Khost (également 6 tués). Enfin, 4 soldats de l’Otan, dont la nationalité n’a pas encore été précisée, ont été victime d’un engin explosif improvisé, toujours dans l’est du pays.

Pendant ce temps, les Etats-Unis cherchent à négocier – dans la plus grande confidentialité – un règlement politique de la situation afghane avec les responsables du mouvement taleb.

Dès février dernier, l’hebdomadaire The New Yorker indiquait que de telles discussions entre l’administration Obama et des dirigeants taliban avaient déjà eu lieu. Le magazine précisait qu’il s’agissait pour Washington de chercher « à évaluer quels membres de la direction talibane pourraient être prêts à participer à des négociations de paix en Afghanistan et à quelles conditions ». A noter que le réseau Haqqani, très actif dans l’est afghan, n’est pas convié à ces pourparlers, étant donné qu’il est considéré comme « impossible à concilier ».

La tenue de ces discussions a été confirmée la semaine passé par le Washington Post, qui a apporté des précisions supplémentaires. Ainsi, trois réunions ont été organisées au Qatar et en Allemagne. Les Etats-Unis espérent une évolution d’autant plus favorable des négociations qu’Oussama Ben Laden est désormais mort.

Les exigences des taliban peuvent se résumer en trois points : la libération de leurs militants emprisonnés à Guantanamo, le retrait d’Afghanistan des troupes étrangères et une participation future au gouvernement afghan. Du côté américain – et de celui du présient Karzaï, l’on demande le respect de Constitution afghane, l’arrêt des violence et le respect du droit des femmes et des minorités. Autant demander de faire concilier l’eau et le feu…

L’hebdomadaire allemand Der Spiegel a quant à lui apporté d’autres détails au sujet des deux réunions qui ont eu lieu en Allemagne, avec Michael Steiner, le représentant spécial de Berlin pour l’Afghanistan et le Pakistan, en qualité de médiateur. La dernière rencontre a été organisée les 7 et 8 mai derniers, avec la présence de membres du département d’Etat américain et de la CIA et celle d’un proche du mollah Omar, le chef du mouvement taleb afghan.

Quant à ce dernier, justement, des rumeurs sur son éventuel décès circulent actuellement. Déjà, au début de cette année, il avait été dit que le chef du mouvement taleb avait été hospitalisé au Pakistan après une crise cardiaque. Cette fois, c’est la chaîne privée de télévision afghane Tolo qui, sur la foi de confidences de membres des services de renseignement du pays (NDS) qui a affirmé que le mollah Omar avait été tué par l’ISI (Inter-Services Intelligence, les services secrets pakistanais), entre Quetta et le Nord-Waziristan, où sont réfugiés des islamistes afghans ainsi que les militants du Tehrek-e-Taliban et d’al-Qaïda.

Plus tard, un porte-parole du NDS a seulement confirmé avoir perdu la trace du mollah Omar, sans confirmer son décès. « Nous sommes en mesure de confirmer qu’il a disparu de son repaire de Quetta (…) Il y a quatre ou cinq jours. On ne sait pas s’il est mort ou vivant » a-t-il déclaré, au cours d’une conférence de presse.

Le mouvement taleb a démenti en bloc les affirmations de la chaîne de télévision afghane. « Il est en Afghanistan, sain et sauf » a assuré, selon Reuters, Zabihullah Mujahid, un porte parole de l’organisation rebelle. « Nous réfutons fermement ces informations sans fondement, selon lesquelles le mollah Mohammad Omar aurait été tué » a-t-il ajouté.

Le scepticisme au sujet de la mort éventuelle du mollah Omar est aussi de mise chez les services de sécurité pakistanais (qui doivent bien être courant…) et par conséquent pour l’Otan et les diplomates en poste à Kaboul.

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