L’Allemagne précise la réforme de la Bundeswehr

L’an passé, Karl-Theodor zu Guttenberg, qui était alors le ministre allemand de la Défense, avait présenté les grandes lignes d’une réforme visant à rendre la Bundeswehr plus efficace et d’augmenter ses capacités de projection sur un théâtre d’opérations extérieur.

Il s’agissait aussi d’adapter le format de l’armée allemande avec ses moyens, lesquels devaient être réduits de 8,3 milliards d’euros d’ici à 2015. La première étape de cette modernisation a été franchie avec la décision de suspendre la conscription.

Depuis, Karl-Theodor zu Guttenberg a été contraint de démissionner de son poste pour une affaire de plagiat concernant sa thèse universitaire. Et il a été remplacé par Thomas de Maizière, à qui il revient de continuer la réforme de la Bundeswehr, lancée par son prédécesseur.

Ce dernier a donc rendu sa première copie le 18 mai. Ainsi, l’objectif affirmé est de permettre à la Bundeswehr de participer simultanément à deux opérations extérieures « d’envergure » et à plusieurs missions secondaires. « La prospérité contraint à la responsabilité et cela vaut aussi pour la politique de sécurité allemande » a estimé Thomas de Maizière.

La réduction du format de l’armée allemande est confirmée : ses effectifs ne pourront pas dépasser les 185.000 hommes, parmi lesquels il sera compté, à terme, 170.000 militaires professionnels et réservistes ainsi que 15.000 volontaires qui s’engageront pour une période très courte (de 1 à 2 ans de contrat). Les emplois civils vont également être réduits et passer de 75.000 à 55.000 postes à temps plein.

Cette professionnalisation devrait permettre à la Bundeswehr de déployer 10.000 hommes en cas de crise à l’étranger (contre 7.000 actuellement). Elle va s’accompagner d’une réforme approfondie de ses structures, afin de la rendre plus réactives. Une des mesures les plus emblématiques est celle qui consiste à faire du « Generalinspekteur der Bundeswehr » un chef d’état-major à part entière.

Une refonte de la carte militaire allemande sera annoncée d’ici à l’automne prochain. Au moins 400 emprises devraient disparaître.

Mais ces réformes ont un coût, et Thomas de Maizière a clairement indiqué qu’il était « irréaliste » pour la Bundeswehr de réaliser 8,3 milliards d’économie tout en se transformant. « Les objectifs chiffrés que j’ai trouvés ne correspondaient en rien aux projets de financement à moyen terme. Il a fallu remettre tout cela en ligne » a-t-il expliqué. Aussi, a-t-il laissé entendre, l’effort budgétaire demandé à son ministère pourrait être moins important que prévu.

Cela étant, le passage a une armée professionnelle risque de poser de nouveaux problèmes à la Bundeswehr, notamment au niveau du recrutement. Actuellement, la pyramide des âges de ses effectifs met en évidence une sur-représentation d’officiers de la tranche d’âge 40-50 ans et un manque de soldats de 20-35 ans, qui, pourtant, sont la base d’une armée de volontaires.

Et la démographie allemande étant ce qu’elle est, c’est à dire l’une des plus faibles d’Europe, il lui sera difficile d’atteindre ses objectifs en matière de recrutement. C’est d’ailleurs le cas pour certaines spécialités (ingénieurs par exemple), pour lesquelles 7.000 postes par an sont non pourvus. D’où l’idée émise en février dernier par le prédécesseur de Thomas de Maizière d’ouvrir les portes de la Bundeswehr à des recrues étrangères.

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