Déjà 10 ans de service pour le porte-avions Charles de Gaulle

Le 18 mai 2001, et 7 ans après son lancement, le porte-avions à propulsion nucléaire Charles de Gaulle était officiellement admis en service au sein de la Marine nationale, sous le commandement de celui qui était encore capitaine de vaisseau à l’époque, à savoir l’amiral Edouard Guillaud, l’actuel chef d’état-major des armées (CEMA).

Le fleuron de la Marine nationale ne tarda pas à connaître les situations de crise : dès décembre 2001, il fut envoyé dans l’océan Indien, sous les ordres du capitaine de vaisseau Richard Laborde (aujourd’hui amiral et directeur de l’IHEDN), dans le cadre de l’opération Enduring Freedom menée contre les réseaux d’al-Qaïda en Afghanistan.

Depuis, le Charles de Gaulle a accompli quatre déploiements dans l’océan Indien, le dernier remontant à l’hiver dernier (opération Agapanthe). En dix ans, la pertinence de l’emploi d’un porte-avions ne s’est pas démentie.

D’ailleurs, les Britanniques le savent mieux que quiconque, eux qui regrettent leurs capacités aéronavales perdues avec les coupes sombres dans leurs dépenses militaires au moment où celles de la marine française sont sollicitées pour les opérations aériennes menées au-dessus de la Libye afin de faire respecter la résolution 1973 des Nations unies par le régime du colonel Kadhafi.

Même si le porte-avions Charles de Gaulle a fait la preuve de son efficacité, il n’en reste pas moins qu’il a connu quelques mésaventures techniques, lesquelles ont suscité des commentaires à la fois faciles et ironiques de la part de quelques esprits peu au fait des choses de la mer et des affaires de défense voulant mettre les rieurs de leur côté à peu de frais.

Les avaries qui ont affecté le Charles de Gaulle ont surtout eu lieu au cours de sa mise au point. Lors de ces 10 années de service, l’on en compte seulement deux : une usure prématurée sur une ligne d’arbre constatée au moment où il s’apprêtait à reprendre ses opérations après une longue période d’immobilisation pour entretien (IPER) et un défaut d’isolation sur une armoire électrique commandant des soupapes de sécurité au niveau de sa propulsion en octobre 2010.

Pour autant, les critiques n’ont pas manqué, notamment au niveau de son prix. Quoi qu’il en soit, ce qu’aura coûté globalement ce porte-avions sur sa durée de vie (estimée à 35 ans), soit 7,7 milliards d’euros (*), est 3 fois moins important que le déficit de la sécurité sociale constaté l’an passé (23,2 milliards d’euros).

Toujours au cours de ces 10 dernières années, l’on peut regretter la participation du Charles de Gaulle au bicentenaire de la bataille navale de Trafalgar (21 octobre 1805) en Angleterre. Bien sûr, de l’eau a coulé sous les ponts en 200 ans. Mais tout de même, la présence du bâtiment le plus emblématique de la marine française à une commémoration célébrant l’une de ses pires défaites a quelque chose d’humiliant…

Enfin, il est à noter que le Charles de Gaulle a parcouru 342.000 milles nautiques depuis son entrée en sevice, ce qui représente 16 tours du monde. Plus de 25.000 appontages ont été réalisés à son bord. Ce qui n’est pas rien.

(*) Rapport du Comité des prix de revient des fabrications d’armement (CPRA), dont le quotidien La Tribune s’était fait l’écho en 2003.

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