L’identité de l’amiral Guillaud usurpée sur Facebook

Les habitués du réseau social Facebook intéressés par les questions de défense ont sans doute remarqué l’existence d’un profil et d’une page censés appartenir à l’amiral Edouard Guillaud, le chef d’état-major des armées (CEMA).

Et l’on aurait pu s’en féliciter. Après tout, ce genre de pratique est devenue monnaie courante aux Etats-Unis : le chef d’état-major intarmées, l’amiral Mike Muellen, dispose de sa propre page où plus de 17.600 personnes suivent son actualité, via des liens pointant vers des sites officiels. Idem pour l’amiral James Stavridis, le commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), qui, de plus, est un blogueur émérite.

Seulement voilà, pour le cas de la page l’amiral Guillaud, qui rassemble tout de même 5.622 personnes (et 5.700 depuis la capture d’écran), l’on constate quelques incohérences. En effet, les articles qui y sont postés sont pour le moins étonnants puisqu’il n’est que très peu question des affaires militaires. En revanche, des sujets de société sont abordés (les familles monoparentales, la maladie d’Alzheimer, le divertissement français), le tout dans un langage dont la syntaxe laisse penser qu’un traducteur automatique d’une langue étrangère vers le français a été utilisé (à moins que l’auteur ait des difficultès avec la langue de Molière).

En fait, l’amiral Guillaud n’est pas l’auteur de ces articles, comme il n’est pas non plus le propriétaire de cette page, ce que l’Etat-major des armées a confirmé. En clair, le CEMA est victime d’un usurpateur et les personnes inscrites sur cette fausse page s’y sont laissées prendre.

Etant donné les fonctions exercées par l’amiral Guillaud, cette usurpation d’identité est de nature à porter atteinte à son image, à faire naître des confusions et à laisser propager des idées et des informations fausses chez des personnes qui ne sont pas toujours au fait de la politique française de défense.

Jusqu’à l’adoption du projet de loi sur la sécurité intérieure, dit Loppsi 2, « aucune définition ni sanction spécifique du délit d’usurpartion d’identité numérique n’est légalement prévue », avait noté, en février 2010, maître Anthony Bem, avocat à la cour d’appel de Paris et spécialiste en la matière.

Depuis le mois de mars, et la promulgation de la Loppsi 2, « le fait d’usurper l’identité d’un tiers ou de faire usage d’une ou plusieurs données de toute nature permettant de l’identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d’autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende« .

La difficulté réside dans la possibilité de faire fermer la fausse page de l’amiral Guillaud. Et là, ce n’est pas si simple, a priori. En attendant de traduire éventuellement l’usurpateur devant les tribunaux, sans doute vaudrait-il mieux en créer espace officiel consacré au CEMA sur Facebook. Cette affaire montre, en tout cas, que cela répondrait à une réelle attente.

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