Libye : Le porte-avions Charles de Gaulle au centre d’une polémique

Le 25 mars derniers, 72 personnes ont pris place sur un bateau pour fuir Tripoli et tenter de rejoindre l’île italienne de Lampedusa. Seulement voilà, trois ou quatre jours plus tard, à court de carburant, l’embarcation a dérivé en Méditerranée, avant de venir s’échouer sur les côtes libyennes, près de Misrata, le 10 avril, avec seulement 11 survivants à son bord.

Alors qu’ils étaient en difficulté, les occupants du bateau auraient joint le père Moses Zerai, qui est la tête de l’organisation Habeshia, qui s’occupe, à Rome, des réfugiés. Par la suite, un hélicoptère, d’une nationalité pour le moment encore inconnue, les auraient survolés pour leur lancer des bouteilles d’eau et des paquets de biscuits.

Selon les témoignages des survivants, qui ont été rapportés par le quotidien britannique The Guardian, leur embarcation serait passée très près d’un porte-avions, au point « qu’il était impossible de le rater ». Et le journal de lancer une accusation grave : le Charles de Gaulle, engagé dans l’opération Unified Protector, ne serait pas venu en aide aux migrants clandestins.

« Selon les survivants, deux avions ont décollé du navire et les ont survolés à basse altitude, pendant que des réfugiés étaient debout sur le pont et tenaient en l’air deux bébés affamés. Mais aucune aide n’est venue » écrit The Guardian. « Incapable de se rapprocher davantage du porte-avions, le bateau des réfugiés a dérivé. Sans vivres, sans carburant et sans moyen de contacter le monde extérieur, ils ont commencé à mourir de un par un de soif et de faim » a-t-il encore expliqué.

Or, le droit maritime international oblige les navires, qu’ils soient civils et militaires, de répondre aux appels au secours et de venir à leur aide quand cela est possible.

Du côté de l’Etat-major des armées, à Paris, on fait valoir que le porte-avions Charles de Gaulle croise uniquement dans le golfe de Syrte et au sud-est de Malte. Par conséquent, il ne pouvait pas être sur la route de l’embarcation en détresse.

Qui plus est, aucun navire n’aurait pu approcher à moins de 300 mètres du bâtiment français sans être repéré par les frégates qui l’accompagnent. D’où la question que le quotidien britannique aurait pu se poser (mais il s’est gardé de le faire) : comment les migrants auraient-il pu voir seulement le porte-avions et pas les autres navires de son escorte?

Enfin, l’Otan a également démenti avoir refusé de porter assistance à des naufragés en indiquant que seul le porte-aéronefs sous commandement de l’Otan à l’époque des faits était le navire italien Garibaldi, lequel se trouvait alors à 100 milles nautiques de la position des naufragés.

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