Le rôle des forces spéciales françaises dans la traque de Ben Laden

Lors du sommet du G8 d’Evian, en juin 2003, le président Chirac avait annoncé la décision d’envoyer en Afghanistan des militaires appartenant aux forces spéciales françaises afin de prêter main forte aux Etats-Unis dans leur traque d’Oussama ben Laden et, plus généralement, pour mener des opérations de contre-terrorisme.

Ainsi, 200 hommes du Commandement des Opérations Spéciales (COS) prirent possession, au cours de l’été, d’un fortin situé à Spin Boldak, dans la région de Kandahar, au sud de l’Afghanistan. Le choix de ce secteur s’explique par sa proximité avec la frontrière poreuse avec le Pakistan et aussi parce qu’il est situé sur la route qui relie Kandahar à Quetta.

Ces forces spéciales françaises furent placées sous commandement américain, dans le cadre de l’opération Enduring Freedom. Pour les Etats-Unis, leur présence se justifiait par la compétence des militaires français en matière de renseignement humain (ROHUM).

Les détails des missions menées par les hommes du COS n’ont pas été rendus publics. A vrai dire, la communication officielle autour de l’opération Arès aura été plus que succinte, pour ne pas dire inexistante.

Cependant, des reportages ont été publiés dans des hebdomadaires à grand tirage, ce qui a permis d’avoir quelques précisions sur les conditions de vie de ces forces spéciales ainsi qu’une idée de leurs actions sur le terrain, dont certaines furent marquées par des combats violents, si l’on en juge par le bilan officiel des membres du COS – au nombre de 7 – tués en opération.

En décembre 2006, alors que le gouvernement français vient de décider de retirer du théâtre afghan les 200 militaires du COS – qui, entre-temps, avaient été redéployés à Jalalabad – un reportage réalisé par Emmanuel Razavi et Eric de Lavarene et intitulé « Ben Laden, les ratés d’une traque », délivre une information fort intéressante : les forces spéciales françaises ont eu, au moins à deux reprises, le chef d’al-Qaïda dans leur ligne de mire.

Les affirmations de ces deux reporters reconnus, qui recueillirent les témoignages d’un militaire français en Afghanistan (voir la vidéo, à partir de 18mn52), avaient été démenties, à l’époque, par l’Etat-major des armées.

« Nous avions ben Laden dans la lunette » avait confié un militaire des forces spéciales aux auteurs du reportage. Et d’expliquer que l’état-major américain, situé à Bagram, avait pris trop de temps pour rendre une décision sur ce qu’il convenait de faire.

Interrogé, le 20 décembre 2006, par le quotidien 20 Minutes, Eric de Lavarène, par ailleurs correspondant de RFI pour la région Af/Pak, avait affirmé que cette information lui avait « été cofirmée par d’autres sources ». Et au moment de la diffusion de ce reportage, à l’antenne de la chaîne Planète, en février 2007, Emmanuel Razavi avait expliqué que le démenti opposé par l’Etat-major des armées s’expliquait par l’engagement pris auprès de l’armée américaine de pas communiquer autour de l’opération Arès.

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